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Demain, un tunnel sous le détroit de Gibraltar ?

parNora MAREÏ, géographe, chargée de recherche au CNRS et à l’UMR 8586 Prodig

Articles de la revue France Forum

37,7 km de tunnel : une petite distance pour l’homme, une grande distance pour l’Eurafrique.

En octobre 2008, la Commission européenne est sollicitée pour soutenir financièrement le projet de lien fixe sous le détroit de Gibraltar. Elle donnera une suite défavorable. La non-inscription du lien fixe eurafricain dans une politique européenne des réseaux de transport constitue un échec pour les porteurs du projet et éloigne les perspectives d’une concrétisation pour ce chaînon manquant de l’interconnexion des réseaux de la Méditerranée occidentale1.

Le projet mérite néanmoins l’attention. Il faut en décliner les enjeux dans un contexte international et stratégique. Relier l’Europe à l’Afrique, la symbolique est forte à une période où le continent africain est à la fois en plein essor économique (si on se cantonne au Nord et à l’Ouest, Maroc, Sénégal, Côte d’Ivoire, Ghana affichent une croissance économique remarquée) et en proie à des crises intenses (comme le conflit libyen et ses conséquences sur l’ensemble saharo-sahélien). Et alors même que l’Europe confirme une tendance à la fermeture de ses frontières méridionales, consumant un peu plus ses liens avec son voisinage sud. Large de 14 km, le détroit de Gibraltar, séparant l’Europe et l’Afrique, est tout à la fois rupture d’une frontière internationale et continuité d’une histoire commune millénaire. Cette perspective globale, à la fois macro-régionale et Nord-Sud, est essentielle pour comprendre les enjeux d’une telle...

 


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1. Voir de l’auteur « Le détroit de Gibraltar, porte du monde, frontière de l’Europe. Analyse et perspectives de territorialité d’un espace de transit », thèse de doctorat, université de Nantes, 2012.

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