AZAMAT KADYRALIEV (CONSEILLER DIPLOMATIQUE) – Je suis kirghize. J’ai étudié en France, à Sciences- Po Grenoble, puis à l’université Paris 11. À mon retour au Kirghizistan, j’ai intégré le ministère des Affaires étrangères. Depuis plusieurs mois, je suis de nouveau en Europe, au sein de l’ambassade du Kirghizistan à Bruxelles, accréditée aussi en France. Éric Fournier, vous dirigez un département au Quai d’Orsay avec lequel je travaille étroitement. vous avez évoqué le Kazakhstan où la France exerce de nombreuses activités économiques. En effet, la France a signé avec le Kazakhstan un accord de partenariat stratégique en 2008 et beaucoup d’activités économiques s’y développent. Le Turkménistan a été évoqué, de même que le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Quelle est alors la stratégie française à l’égard du Kirghizistan ? Mon pays a choisi une autre voie de développement institutionnel, puisque son régime est une démocratie parlementaire et que ses citoyens y disposent de la liberté d’expression et du respect des droits de l’homme, comme en France qui a une longue tradition en matière de démocratie et de droits de l’homme.

ROMAIN PERROUD – Dans quelle mesure la politique de rééquilibrage de la Chine dans la région constitue-t-elle une forme d’ingérence politique, voire militaire, dans les affaires des États d’Asie centrale ?

PIERRE CABAGNOLS (CONSULTANT) – Quel est l’impact de l’exploitation des gaz et des huiles de schiste sur le développement énergétique de l’Asie centrale, notamment en termes de prix du gaz et du pétrole ?

ÉRIC FOURNIER – J’ai effectué un voyage en Asie centrale au mois de juin dernier1, précisément au Kirghizistan. J’y ai passé trois jours et j’en suis revenu convaincu que la France devait faire beaucoup plus avec votre pays. Des Français y exercent déjà dans des secteurs porteurs, notamment dans celui du tourisme. En effet, vous disposez de ressources fabuleuses en la matière. Les investissements kirghizes en cours devraient vous permettre de proposer une offre touristique assez exceptionnelle et donc très attractive. J’ai, par exemple, échangé avec un investisseur kirghize ayant compris que les touristes ne souhaitent pas être logés dans de grands complexes hôteliers, mais au contraire recherchaient un vrai dépaysement. Une coopération...