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Ethiopie : chemin de fer, indépendance et puissance

parAlain GASCON, professeur émérite de l’Institut français de géopolitique de l’université Paris 8, ancien chargé de cours à l’Inalco 

Articles de la revue France Forum

Les Ethiopiens, champions de la piste d’athlétisme et du chemin de fer. 

Le « lion » éthiopien affiche, depuis le début du XXIe siècle, une croissance économique annuelle à « deux chiffres », supérieure à l’augmentation de sa population, multipliée par quatre depuis 1970 et probablement encore par deux à l’horizon 20501. Feu le Premier ministre Melles Zénawi, inquiet des faiblesses de l’Éthiopie pendant la guerre avec l’Érythrée (1998-2000), lance, en 2010, le Growth and Transformation Plan (GTP). Il décide de faire largement appel aux investissements directs étrangers (IDE) dans l’agro-industrie, les grands barrages, les parcs industriels urbains et l’édification des réseaux. La voie ferrée fera de l’Éthiopie enclavée un pays émergent ouvert au commerce international. On soutient, parfois, que l’État « développeur » éthiopien ne serait rien de plus qu’un clone implanté par les Chinois dans la Corne de l’Afrique. Or, il suffit d’un bref rappel historique pour infirmer cette assertion.

Vainqueur des Italiens à Adoua en 1896, Ménélik II (1889-1913) invita Lagarde, gouverneur de la Côte française des Somalis, à conclure les traités nécessaires à la construction d’une voie ferrée reliant Djibouti à Addis-Abeba. Rondement mené, le chantier, commencé en 1897, arriva en 1902 à Diré-Daoua, ville nouvelle, proche de...

 


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1. René Lefort, « The Ethiopian Economy. The Developmental State vs. the Free Market », in Gérard Prunier et Éloi Ficquet (sous la direction), Understanding Contemporary Ethiopia. Monarchy, Revolution and the Legacy of Meles Zenawi, Hurst, Londres, 2015, pp. 357-394. 

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