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Fixer des priorités

parJean-Pierre CHEVÈNEMENT, ancien ministre, représentant spécial de la France pour la Russie, président de Res Publica

Articles de la revue France Forum

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Le colloque d’aujourd’hui est intitulé « Schisme ou réconciliation ? » La réponse à cette question s’impose depuis 1054, comme le rappelle un excellent livre, Russie-Occident : une guerre de mille ans1. La chute de Rome en 476 a entraîné une querelle qui s’est exprimée au travers de la liturgie, soft power de l’époque. L’adjonction du Filioque dans le Credo – c’est-à-dire la procession, non seulement du Père, comme le croient les orthodoxes, mais aussi du Fils et du Saint-Esprit – s’est faite à l’instigation de Charlemagne, puis des empereurs ottoniens pour concurrencer le véritable successeur de Rome, c’est-à-dire Constantinople. La question reste pendante, bien qu’elle ait pris des formes nouvelles, la Russie ayant succédé à Constantinople.

Les raisons qui président à la relation particulière entre la France et la Russie tiennent d’abord au fait que ce sont deux grands peuples européens. Nous admirons la littérature, la musique, la danse et le peuple russes. Une véritable affinité nous porte vers ce pays que nous avons soutenu aussi au XIXe siècle pour des raisons politiques. Le surgissement au coeur de l’Europe d’un compétiteur, l’Allemagne, nous disputant le premier rang a été une commotion pour la France. Pensons à Sedan et à la Débâcle de Zola. Après un temps de recueillement, nous nous sommes tournés vers la Russie, avec laquelle le chancelier allemand Leo von Caprivi, successeur de Bismarck, avait rompu le pacte de réassurance. Cette alliance...

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1. Guy Mettan, Éditions des Syrtes, 2015. (NDLR

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