FF 61 - Visuel LE GALL - PANORAMA

Le dictionnaire du sens interdit - Fausses informations

parAndré LE GALL, écrivain

Articles de la revue France Forum

FAUSSES INFORMATIONS. 

Sopor. Voici que l’on nous promet encore une belle loi qui va introduire un peu d’ordre sur le net. Questios. M’annoncez-vous là cette loi qui va enfin mettre un terme aux déprédations morales dont sont victimes les accros du porno, au nombre desquels, dit-on, bon nombre d’adolescents ? Sopor. Euh… non ! Il s’agit, c’est le président lui-même qui le dit, de « protéger la vie démocratique… » en cas de propagation d’une fausse information, il sera possible de saisir le juge à travers une nouvelle action en référé permettant, le cas échéant, de supprimer le contenu mis en cause, de déréférencer le site, de fermer le compte utilisateur concerné, voire de bloquer l’accès au site Internet. Il s’agit aussi de responsabiliser les « intermédiaires techniques » qui auront un « devoir d’intervention » afin de « retirer rapidement le contenu illicite ». Ajoutons qu’il faut, en outre, instaurer un mode de labellisation des sources d’information qui rétablisse la nécessaire hiérarchie entre les journalistes de profession et la vulgaire cohorte des propagateurs inconscients ou malveillants de fausses informations délibérément concoctées par d’habiles fabricateurs clandestins. Questios. Hum !... Ici, ce qui vient d’abord à l’esprit, ce sont ces pans entiers d’histoire longuement censurés et qui se découvrent soudainement, par exemple l’épuration culturelle des années 1944-1946 dont un très savant dictionnaire, paru chez Champion, est venu nous entretenir en 2016. Arrivons-en aux nouvelles de chaque jour. Va-t-on déléguer la délivrance des labels de qualité aux organes de presse qui, en avril 1975, ont salué l’entrée des Khmers rouges à Phnom Penh comme une libération ? Les informations partiales et les silences sélectifs du passé ne plaident pas en faveur d’une presse qui devra encore apporter bien des preuves de son excellence avant de pouvoir prétendre à ce label de compétence dont de bons esprits voudraient d’ores et déjà lui confier la gestion. Sopor. Il reste le juge et c’est bien devant lui que sera porté le référé qui fixera le sort à réserver aux fausses informations, mais ceci seulement en période électorale. Questios. C’est faire du juge, et de surcroît dans l’urgence, le ministre de la vérité, tout au moins de la vraisemblance, rôle proprement orwellien. Pas plus qu’on ne peut écrire l’histoire à l’abri de l’autorité de la chose jugée, on ne peut établir dans l’instant la réalité des faits qui font l’actualité. Si l’on exige du site qui propage une information qu’il en apporte instantanément la preuve matérielle, alors on fait de l’autocensure la règle du jeu. On nous dit que les conditions mises à l’intervention du juge seront si contraignantes qu’elles ne seront jamais réunies. Mais alors pourquoi l’avoir prévue ? bien sûr qu’il faut se défendre contre les fausses informations, en particulier contre celles qui sont fabriquées par des intervenants étrangers, lorsqu’elles visent à déstabiliser nos institutions. Mais on aimerait être assuré que cette loi ne s’inscrira pas dans la longue théorie des lois de l’étouffoir qui ne cessent, au fil des décennies, de restreindre le champ de la libre expression. C’est à son contenu qu’il faudra la juger.


DIEU. Père, Fils et Esprit, mystère du Dieu trinitaire. Le Fils se révèle dans sa divinité. Il annonce l’Esprit Saint, le Défenseur. Il invoque le Père. Le Père : le croyant, selon une intuition inévitablement infirme, peut se représenter une Puissance spirituelle, personnelle, paternelle, bienveillante, infiniment paternelle, passionnément bienveillante, intensément proche. 

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