Poutine : quelle trace veut-il laisser dans l'histoire ?

parInstitut Jean Lecanuet
6 Mars 2018
Actualité

La réélection de Vladimir Poutine à la présidence de la Fédération de Russie ne fait aucun doute.

Attention quand même au taux de participation – un taux inférieur à 50 % ne serait pas bon pour l’image du président sortant. Regardons également si l’un de ses nombreux concurrents de droite et de gauche parvient à sortir du lot. La campagne électorale n’a pas brillé par son intensité démocratique et c’est bien dommage. Cela aura pu faire mentir un peu ceux qui considèrent que Vladimir Poutine a complètement verrouillé la vie politique de son pays. Le président russe n’a quasiment pas fait campagne, a évité la plupart des sujets qui fâchent et, un peu à la manière d’un Emmanuel Macron, s’est présenté au-dessus des partis, y compris du sien. Le scrutin a aussi été placé le jour anniversaire de l’annexion de la Crimée de sorte à flatter le nationalisme de la population ! Les jeux sont donc faits pour Vladimir Poutine.

Bien que prévisible dans ses résultats, cette élection comporte de très forts enjeux. D’abord pour les Russes, qui attendent beaucoup mieux de leurs dirigeants sur les fronts économiques et sociaux. Les défis sont considérables.  Il y a dans la population le besoin d’un nouveau contrat social, la demande d’un « poutinisme » qui ne se limite pas au drapeau, à la diplomatie et au militaire. Ensuite, le scrutin est évidemment important pour les Européens, qui culturellement, économiquement et géopolitiquement ne peuvent se construire dans une relation durable d’opposition à la Russie. Maintenant que chacun a montré ses biceps et gonflé ses pectoraux, il est temps de montrer qu’il peut exister un vrai espace de confiance et de coopération réunissant  Russie et Union européenne. C’est le sens de l’histoire et c’est aussi une nécessité géostratégique compte tenu de l’hégémonie grandissante de la Chine et du tête à tête que celle-ci voudra installer avec les États-Unis sur de nombreux sujets, comme en ce moment sur la Corée du Nord et l’Asie. 

L’orientation que Vladimir Poutine donnera à ce qui devrait être son dernier mandat sera donc tout sauf neutre. Rupture dans le sens d’une plus grande ouverture politique et culturelle ou repli et autoritarisme ? Au fond, cela dépendra de ce que Poutine veut laisser comme trace dans l’histoire. Personne n’est capable de le dire aujourd’hui, mais les six prochaines années répondront à cette question et à beaucoup d’autres. 

 

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