©Pavlo Vakhrushev

« Transmettre aux jeunes d'autres goûts que celui de la seule consommation »

parGilles LIPOVETSKY, philosophe, sociologue 

Articles de la revue France Forum

Soixante-cinq millions de petits capitalistes, et moi et moi et moi !

France Forum.La récente élection présidentielle a-t-elle marqué le retour de l’individu-citoyen ?

Gilles Lipovetsky. – Le retour de l’individu-citoyen est un mythe. S’il existe, certes, un intérêt pour la chose publique, celui-ci est circonstanciel comme le montre l’intermittence électorale, un nombre croissant de citoyens ne votant qu’en fonction de l’importance qu’ils accordent au scrutin. Ce qui domine, c’est une participation au « choix », les citoyens se rendant aux urnes seulement lorsqu’ils sont tentés de le faire. On ne vote plus parce qu’il faut voter, mais quand on se sent motivé pour le faire et quand on en a envie. C’est un rapport en quelque sorte consommatoire à la vie politique qui marque notre époque. Dans ce cadre, les citoyens décident de plus en plus pour qui voter au dernier moment, un peu comme dans un magasin. On passe d’un parti à un autre, d’un candidat à un autre : à l’heure des comportements politiques à la carte, le consumérisme électoral s’est immiscé jusque dans l’espace du politique. L’extase du politique est derrière nous.

FF.Cette campagne marque-t-elle le retour d’une quête du bonheur public ?

GL. – Non, on a pu ressentir plus de peur que d’espoir de bonheur, de défiance que de confiance, de négatif que de positif. La montée des populismes, les revendications...

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