Personnalités

Maurice-René Simonnet est né le 4 octobre 1919, à Lyon. Il y fait une scolarité très brillante avant de rejoindre Paris et l’École libre des sciences politiques dont il est diplômé. Son engagement politique est précoce, notamment à travers la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) où il prend très tôt de nombreuses responsabilités. Son opposition au régime de Vichy est immédiate, aussi bien à travers la JEC qu’il préserve de la tutelle pétainiste, qu’à travers son action personnelle dans la Résistance. En juin 1941, il crée, avec Gilbert Dru, Albert Gortais et André Mandouze, Les Cahiers de notre jeunesse. La revue est interdite en avril 1943 en raison de ses prises de position et précisément de son opposition au STO. En novembre 1943, il fonde clandestinement avec Gilbert Dru, les Jeunes chrétiens combattants. L’exécution de Gilbert Dru par les nazis, en juillet 1944, est un choc considérable pour Maurice-René Simonnet. Ce dernier n’aura de cesse de faire en sorte que l’engagement chrétien de son ami puisse trouver un aboutissement politique au lendemain de la guerre. Avec André Colin, il jette les bases du futur Mouvement républicain populaire (MRP) dès avril 1944 en rédigeant le manifeste pour le Mouvement républicain de libération (MRL).

Maurice-René Simonnet est élu député très tôt en se présentant dans la Drôme sous l’étiquette du MRP. Nous sommes en juin 1946 et il a seulement 27 ans. Il restera député jusqu’en 1962, s’investissant surtout dans les dossiers de l’Éducation nationale et de la Jeunesse dont il sera le rapporteur budgétaire à de très nombreuses reprises. La bataille entre laïques et chrétiens est rude, mais son passé de résistant, ses talents oratoires et son ardeur au travail en font un parlementaire respecté de tous. Les sujets ne manquent pas : les bourses, les fermetures d’écoles à trop petits effectifs, les transports scolaires, la loi Barangé sur l’aide à l’école libre. Logiquement, Maurice-René Simonnet devient une figure clé du MRP. En 1955, il devient secrétaire général. Ses éditoriaux dans Forces nouvelles expriment ses convictions européennes, sa défiance envers le capitalisme, sa crainte d’un nouveau Front populaire.

En novembre 1957, il entre au gouvernement Felix Gaillard comme secrétaire d’État à la Marine marchande, mais la fin de la IVe république et le déclin du MRP mettent un terme à sa carrière politique nationale. Il n’intégrera pas d’autre équipe gouvernementale et ses efforts, à partir de 1962, pour se faire réélire député resteront toujours vains.
On se souviendra néanmoins que le 13 juin 1962 il prononce à l’Assemblée nationale le « manifeste européen », comme un ultime acte de foi. Il gardera néanmoins un mandat de conseiller général (canton de Saint-Vallier, puis de La Chapelle-en-Vercors) jusqu’en 1970 et sera aussi membre du Parlement européen de juillet 1979 à juillet 1984. Eloigné malgré lui de la vie parlementaire nationale, il se tourne alors vers l’enseignement du droit (professeur, puis doyen de l’université de Lyon 3), ce qui lui vaut de siéger au Conseil constitutionnel de 1984 jusqu’à à son décès en 1988, et bien sûr vers le journalisme en participant aux travaux de France Forum dont il est cofondateur en 1957.