L’État en dépression
L’État est en toute petite forme ces temps-ci. Les défaites militaires de Daesh sont un soulagement, mais elles ne nous disent pas l’avenir institutionnel de la Libye, de la Syrie et de leurs populations sunnites, et même de l’Irak où les Kurdes viennent de voter leur indépendance.
L’Espagne qui commençait à reprendre son souffle et ses esprits après une terrible crise économique et sociale se retrouve, elle, face à l’irrédentisme catalan. La police espagnole doit embrigader les principaux responsables politiques et administratifs catalans sous le regard effaré des télévisions du monde entier. Imaginons un peu Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse, et nos autres présidents de région, subir le même sort ! Le Royaume-Uni ne va pas fort non plus, le Brexit l’obligeant à penser la question frontalière entre Irlande du Nord et du Sud et à éviter que les menées indépendantistes de l’Ecosse ne repartent de plus belle. Et ne parlons même pas d’une bonne trentaine d’États dits faillis incapables de faire régner l’ordre sur leur territoire et de garantir un minimum de services publics à leurs habitants. Décidément, le XXIe siècle ne semble plus être le siècle de l’État ou tout au moins celui du bon vieil État-nation, ce « désir de vivre ensemble », ce « plébiscite de tous les jours », comme l’écrivait Ernest Renan dans Qu’est-ce qu’une nation ? En fait, de plébiscite, c’est de référendum quotidien qu’il est question toutes ces dernières semaines avec, chaque fois, son lot de repli identitaire. Le vouloir vivre ensemble, mais si possible sans les autres !