Répondre à la Russie par la démocratie
Les démocraties ne se font pas la guerre. Ce constat se vérifie, une fois de plus, dans l’affaire russe où c’est, encore une fois, un pays à régime autoritaire qui recourt à la force armée en utilisant les bonnes vieilles tactiques de l’URSS : « Je reconnais un Etat. Cet Etat appelle à l’aide. Je rentre avec mes chars et le transforme aussitôt en bantoustan. » Un scenario tant de fois éprouvé à Budapest ou à Prague.
Pas un observateur n’ira dire que la situation est toute blanche ou toute noire entre la Russie et l’Ukraine, voire les Etats-Unis, mais dans ce type de situation une démocratie recherche une solution. Dialogue, médiation, la palette de ressources diplomatiques est large. Encore faut-il avoir envie de trouver un terrain d’entente. Or, un régime autoritaire ou totalitaire a toujours besoin de la guerre pour asseoir son pouvoir, justifier toutes les entorses aux libertés publiques, jouer sur le sentiment nationaliste, convoquer toutes les nostalgies. Comme si Eric Zemmour réclamait le retour dans le giron national des territoires conquis napoléoniens, à commencer par nos voisins francophones wallons. Et pourquoi ne pas faire de même en recolonisant le Mali francophone dont on sait qu’en hébergeant des djihadistes il porte atteinte à notre sécurité nationale ? Qui menace la Russie aujourd’hui ? Certainement pas l’Otan qui ne ressemble plus à rien et encore moins l’Europe dont l’ADN est la paix.
Que l’Ukraine rejoigne un jour l’Union européenne devrait être la plus belle nouvelle pour un pays voisin qui déclare aspirer à vivre en sécurité. Mais ce n’est pas le problème. Personne n’est naïf. Ce qui fait peur à la Russie et à ses dirigeants, ce n’est pas l’Otan ou l’Europe, c’est simplement la démocratie. La perspective qu’un jour le peuple russe exprime par la révolte son envie de vivre dans une vraie démocratie, forte non pas de son arsenal militaire et de ses ressources gazières mais de ses libertés et d’une économie prospère tournée vers l’innovation et la réduction des inégalités.
Il n’y aura pas de réaction militaire on le sait, personne n’ira mourir pour Donetsk et sans doute pas non plus pour Kiev. Juste des sanctions. Nécessaires mais qui, comme toutes les sanctions, basculeront encore plus la Russie dans un nationalisme guerrier et des privations toujours plus fortes de liberté. Dès lors, la seule vraie réponse que nous devons apporter, c’est de lutter toujours plus pour la démocratie. En France où d’aucuns peuvent se rêver en mini Poutine, en Europe où ce qui se passe un peu plus à l’est commence à faire réfléchir également quelques clones populistes.