Le début de l’année 2019 a marqué une nouvelle étape dans la redéfinition des liens entre l’Ukraine et la Russie. Tout d’abord, en janvier, l’Église ukrainienne a été reconnue autocéphale par le patriarcat orthodoxe de Constantinople. Cet acte met fin à plus de trois cents ans de soumission de l’Église d’Ukraine à Moscou. Puis, en février, à l’issue d’un vote au Parlement, l’Ukraine a modifié sa Constitution en y inscrivant son aspiration irréversible à adhérer à l’Union européenne et à l’Otan. Derrière ces deux décisions, se jouent des luttes d’influence aux marges orientales du continent européen qui redéfinissent les relations entre l’Ukraine et la Russie. Mais en quoi ces deux événements marquent-ils les évolutions récentes et douloureuses de l’identité ukrainienne et l’évolution du pays vers un État-nation ?
 

L’UKRAINE, CANDIDATE À L’UE EN 2024 ? Alors que la raison d’être de l’Union européenne est d’instaurer une paix durable, les confins orientaux du continent ont connu, depuis dix ans, un regain de tension. Après la guerre russo-géorgienne de l’été 2008, c’est l’Ukraine qui a connu une violente déstabilisation. Celle-ci fut consécutive à la révolution de Maïdan de 2014 contre la politique prorusse du président Viktor Ianoukovitch. Celui-ci avait, en 2010, prolongé jusqu’en 2042 le bail de la base navale de Sébastopol à la Russie, puis avait rejeté l’accord d’association et de libre-échange signé avec l’Union européenne. Sa fuite en Russie et sa destitution par le Parlement ont constitué un camouflet pour Moscou. Sentant ses intérêts menacés ou ignorés, la Russie a alors...