Une jeunesse en marge
Articles de la revue France Forum
Entre patriotisme national et patriotisme européen.
Quelles identités les jeunes se façonnent-ils lorsqu’ils ont l’impression de vivre en marge de l’Union européenne (UE) ? À n’en pas douter, un tel sentiment trouve en partie ses racines dans la manière dont les États d’Europe occidentale se sont emparés de l’idée d’incarner la « vraie Europe », sans les y associer. Comme l’aurait déclaré le chancelier autrichien Metternich il y a deux cents ans : « L’Asie commence à l’est de Vienne. »
Une enquête sur les questions d’identité a été menée auprès d’un millier de jeunes originaires de quatorze des pays ayant rejoint l’Union européenne après 2004 ou qui en caressent l’espoir. Âgés de 12 à 19 ans, ces jeunes ont exprimé leur sentiment d’appartenance à leur pays, mais aussi à l’Europe.
Ainsi, une jeune fille de douze ans originaire de Cracovie, a déclaré : « En Europe, partout où tu vas, tu es entouré d’amis, de personnes appartenant au même groupe. Je peux aller où je veux, dans n’importe quel pays, et tout le monde sait que je viens de Pologne, d’Europe. Ils te connaissent sans te connaître – tu es comme un parent éloigné. Être européen, c’est avoir des voisins partout… Nous faisons partie de l’Europe, et ça veut dire quelque chose. » Ce sentiment d’appartenance à l’Europe n’est toutefois pas généralisé et dépend, pour beaucoup, de la situation géographique des jeunes interrogés.
Dans les pays baltes, les intentions du voisin russe inquiètent (comme en Géorgie et en Ukraine), ce qui explique la réticence de beaucoup de jeunes à professer leur unité avec les institutions et les valeurs européennes. En Estonie et en Lettonie, une partie des jeunes d’origine russe voient en leur citoyenneté lettonne ou estonienne un simple passeport pour échapper à la perception négative dont ils font l’objet. Néanmoins, une bonne partie des jeunes d’ascendance mixte se considèrent à la fois baltes et européens...