Derrière la présidentielle, les législatives

parInstitut Jean Lecanuet
8 Mars 2022
Actualité

Il est de coutume en France et sous la Ve République de faire de l’élection présidentielle la mère de toutes les batailles électorales. 

C’est encore plus vrai depuis la mise en place du quinquennat qui aligne la temporalité de l’élection présidentielle à celle des élections législatives. Chaque fois, et malgré les supputations du microcosme mediatico-politique sur le résultat des législatives, les Français donne une majorité confortable au président nouvellement élu, amplifiant même le résultat du scrutin présidentiel.

Si Emmanuel Macron est réélu en avril, ce que tendent pour l’instant à indiquer les sondages, cette situation se reproduira très probablement, mais avec une intensité plus incertaine. En effet, la prime à la nouveauté ne jouera plus. En 2017, et aussi étonnant que cela soit apparu à certains, les suffrages se sont portés sur des candidats et candidates totalement inconnus. Recrutés sur CV dans des délais très courts, c’est à peine si leurs visages apparaissaient sur les affiches électorales et les professions de foi. Loin d’être un handicap, cet anonymat symbolisait parfaitement la candidature antisystème d’Emmanuel Macron et le contexte de « dégagisme » qui prévalait alors.

La situation sera très différente en juin 2022 car, cette fois, les députés qui soutiennent le président auront eu cinq années pour faire leurs preuves – ou ne pas les faire. De plus, le vent de dégagisme n’a pas faibli comme les mouvements des gilets jaunes ou des antivax ont pu le témoigner – sans parler des agressions physiques ou des mises à sac de permanences – et plusieurs députés sortants La République en marche pourraient bien en être les victimes. Enfin, la situation politique du président de la République n’aura rien de commun avec celle de 2017, même s’il l’emporte avec une avance confortable. En 2017, Emmanuel Macron portait un espoir. En 2022, il portera aussi un bilan. Pour le coup, la situation aurait quelques ressemblances avec celle de 1988. Un François Mitterrand élu largement, mais au final une majorité parlementaire relative qui oblige son Premier ministre – Michel Rocard – à rechercher des alliances au centre. « Même relative, la majorité parlementaire existe », déclare François Mitterrand souhaitant « voir progressivement se rassembler autour de [ses] choix [...] un nombre croissant de Français et de représentants du peuple » et affirmant que « l’adhésion, qu’on appelle aussi ouverture, doit être recherchée autour des valeurs permanentes de la démocratie et de la République ». Alors 2022 comme 1988 ? L’atomisation des partis politiques à gauche comme à droite rend impossible tout pronostic pour les élections législatives et pour les recompositions politiques qui les suivront.

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