La nouvelle cohabitation
Le président de la République, Emmanuel Macron, fait face à une difficulté politique que peu de ses prédécesseurs avaient rencontrée : l’opposition de la grande majorité des élus locaux.
Tout simplement parce que les trois élections locales – régionale, départementale, municipale – se sont tenues avant les scrutins présidentiel et législatif de mai et juin 2017, avant l’arrivée de Jupiter, du nouveau monde et de la République en marche.
Emmanuel Macron devra donc attendre les élections municipales de 2020 pour espérer récupérer quelques alliés et soutiens dans les territoires. Ses prédécesseurs avaient tous pu compter, et y compris en période de basses eaux électorales, sur l’appui de quelques milliers de conseillers municipaux, départementaux ou régionaux. Des élus qui, chaque week-end, sur les marchés, les braderies ou les compétitions sportives, défendent leur président, prennent les coups à sa place, expliquent les réformes. Rien de tel aujourd’hui. Le roi est nu, au moins dans les territoires. Une nouvelle illustration en a été faite en ce début d’automne avec la réunion exceptionnelle à Marseille des trois grandes associations d’élus – AMF, ADF, RF – pour dire tout le mal qu’elles pensaient de Emmanuel Macron et du gouvernement en matière de politique territoriale. Elles avaient quitté avec fracas la conférence des territoires en juillet dernier et ne semblent pas décider à y revenir.
Si le président de la République et son mouvement ne parviennent pas à conquérir quelques mairies ou régions d’ici à la fin du quinquennat, c’est à une cohabitation d’un genre nouveau à laquelle il devra s’habituer ; non plus avec un Premier ministre et une majorité parlementaire opposés, mais avec des élus locaux tous résistants de l’ancien monde.