Les hauts fonctionnaires, la nouvelle cible
Des premières conclusions du grand débat, il ressort que le mouvement des gilets jaunes aura fait une première victime : la haute fonction publique.
Un projet de loi devrait être présenté par le gouvernement à la fin du mois d’avril avec, pour objectif, une transformation de ses modalités de recrutement, de formation et de fonctionnement. Les hauts fonctionnaires sont des boucs émissaires d’autant plus commodes qu’on ne les voit pas se mettre en grève ou occuper des ronds-points quel que soit le sort funeste qui lui sera réservé. Le chômage, les territoires oubliés, les taxes, les règlementations ? Ce n’est donc pas la faute des élus et des gouvernements successifs, mais celle des hauts fonctionnaires, tous oublieux de l’intérêt général et des réalités du terrain. La ficelle est un peu grosse, mais elle passera tout à fait bien dans l’opinion publique et donnera, surtout, un sursis aux vrais responsables des difficultés du pays. Quels que soient ses défauts bien réels comme sa verticalité ou sa consanguinité, la haute fonction publique ne peut être prise pour cible sans que soit sans danger. La nation française, à la différence d’autres nations, s’est faite par l’Etat et non contre lui. La haute fonction publique a toujours été le garant de cet ADN français centralisateur, gourmand de service public et de normes. Affaiblir la haute fonction publique et continuer d’en détourner les élites ne mènera à rien de bien, sauf à changer complètement de paradigme et à faire le choix de transférer de manière franche les pouvoirs et les compétences de l’Etat central vers les territoires, ce qui est une autre histoire et qui ne semble pas à l’ordre du jour des gouvernants.