L'ordre du jour de la crise libanaise

parInstitut Jean Lecanuet
22 Novembre 2017
Actualité

Durant les deux semaines que le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a passé en Arabie saoudite à méditer sur sa démission – suspendue depuis ce matin à la demande du président libanais, Michel Aoun –, on aurait utilement pu lui conseiller la lecture du dernier prix Goncourt, L’ordre du Jour de Eric Vuillard. 

Tantôt décrétée contrainte par Michel Aoun, tantôt démentie délibérée par Saad Hariri lui-même, quoi qu’il en soit, cette situation de quasi assigné à résidence à Ryad a présenté des points communs avec celle de l’ancien chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg à Berchtesgaden dans le nid d’aigle de Adolf Hitler. Hitler l’appelle « Monsieur » alors que Schuschnigg continue de lui donner du « Chancelier », écrit Eric Vuillard. Hariri donne-t-il du « Votre Majesté » à Mohammed ben Salmane, prince héritier saoudien ? On l’ignore, mais ce qui est sûr c’est que ce dernier reproche à Hariri de ne pas défendre suffisamment les intérêts saoudiens, en clair de ne pas être un rempart suffisant contre le Hezbollah et ses alliés iraniens. Comme Hitler exigeait du chancelier autrichien de nommer un nazi notoire au gouvernement, Arthur Seyss-Inquart, et d'amnistier les nazis emprisonnés en Autriche. Après un interlude français proposé par le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, dépêché en Arabie saoudite, le Premier ministre libanais est finalement rentré dans le pays du Cèdre. Schuschnigg aussi était rentré en Autriche après cette entrevue orageuse avec Hitler, à Berchtesgaden. Pour démissionner quelques jours plus tard au profit de Seyss-Inquart. Le 12 mars 1938, l’Anschluss était proclamé et les panzers allemands faisaient route vers Vienne… Confirmation ou infirmation, il reste donc à déterminer quelle sera l’issue de cette suspension de démission. 

Diplomatie
Crises