Simple comme l’après ?
Quel traitement pour contrecarrer l’épidémie de complexité que nous traversons depuis au moins trois décennies ?
Umanz, « premier « slow media […] de l’économie positive » comme il se décrit lui-même, a publié pendant le confinement une intéressante interview de Rend Stephan, l’un des anciens dirigeants du Boston Consulting Group. Le propos porte sur la complexification des organisations avant le Covid-19 et le fait de savoir si l’après marquera ou non un retour à la simplification. Le début de l’interview explique remarquablement la manière dont nous sommes parvenus au monstre de complexité que sont nos organisations. On affirme le monde complexe et donc on multiplie les réponses complexes sur les conseils d’experts en complexité. Résultat, selon Rend Stephan : « La complexité, comme une fumée épaisse et toxique, mène inexorablement à l’épuisement des systèmes (individus, organisations, pays), à leur fragilité (tout le contraire de la résilience), et à l’aveuglement (qui nous empêche de voir l’essentiel) – et le manège continue vers plus d’épuisement, de fragilité et d’aveuglement. » L’exemple vaut ce qu’il vaut, mais prenons l’hôpital construit à Wuhan en quelques jours alors, qu’en Europe, en temps normal, il aurait fallu au moins cinq ans.
Comment retrouver le sens du leadership et perdre celui de la gestion pure et de la bureaucratie ? Pour la France, cela veut dire retirer à Bercy et à ses hauts fonctionnaires les commandes de l’avion France. Le moins aisé est évidemment la méthode pour parvenir à un monde moins complexifié et ce sera l’un des intérêts des débats post-Covid sur le monde d’après. Depuis des années, les organisations publiques ont vécu pléthore de chocs de simplification, en particulier les systèmes publics. Le tout pour des résultats médiocres, voire souvent inverses à l’objectif envisagé. Résultat des courses ? Les codes de l’urbanisme, du travail, de l’environnement… n’ont jamais été aussi épais ! Pourquoi ? Parce qu’en définitive beaucoup de dirigeants n’ont jamais pensé que la complexification était une mauvaise chose. Einstein a dit : « Tout imbécile intelligent peut rendre les choses plus grandes et plus complexes. Il faut une touche de génie et beaucoup de courage pour aller dans la direction opposée. » Nous l’avons écrit dans un précédent éditorial : de nombreux scrutins se tiendront au cours des deux prochaines années. Alors, votons à chaque fois pour la candidate ou le candidat qui saura faire simple.