Rien de très étonnant en fait. Les mêmes causes produisant les mêmes effets – de sévères erreurs de forme associées à des résultats économiques décevants –, Emmanuel Macron se retrouve dans la même situation que ces deux prédécesseurs, François Hollande et Nicolas Sarkozy. Comme chaque fois, les Français aiment se bercer de l’illusion que l’élection d’un nouveau monarque républicain sera le remède à toutes leurs difficultés. Et comme chaque fois, il suffit d’une année à peine pour qu’ils sortent de leur rêve.

Le réveil est brutal pour un grand nombre de Français, mais ceux-ci, au lieu de s’en vouloir de leur naïveté et jurer qu’on ne les y prendra plus, préfèrent brûler celui qu’ils adoraient quelques mois plus tôt. Toute société a besoin d'un bouc émissaire nous a enseigné l’anthropologue René Girard. Par une mécanique bien connue aussi, les anciens présidents de la République retrouvent à l’inverse leur popularité. Leur joie de vivre retrouvée fait plaisir à voir. Les jeunes leur réclament des selfies, les retraités font la queue dans les librairies pour se faire dédicacer leur dernier livre de souvenirs élyséens, leurs anciens ministres demandent audience. Le traumatisme de l’ingrate défaite disparaît et ils se prennent alors à rêver d’un retour. Une petite équipe de fidèles se constitue. Deux ou trois journalistes sont mis dans la confidence. Ils répandront cette rumeur que, bien sûr, on démentira. Décidemment, tout se passe comme prévu.