Juges et partis
Alain Juppé, 73 ans, ancien Premier ministre et candidat malheureux aux primaires de la droite, Jacques Mézard, 71 ans, ancien ministre de Emmanuel Macron, François Pillet, 68 ans, ancien sénateur Les Républicains.
Si certains doutaient encore du retour à l’ancien monde politique, les récentes nominations au Conseil constitutionnel achèveront de les convaincre. Tous les trois sont des professionnels de la politique, tous les trois des hommes âgés. L’entre-soi politique dans toute sa splendeur ! Peu importent les protestations des professeurs de droit de l’Hexagone choqués de cette politisation du Conseil constitutionnel à l’heure où la question prioritaire de constitutionnalité s’impose de plus en plus dans le paysage contentieux. Combien restera-t-il de juges autour de la table quand une bonne moitié aura dû se déporter pour avoir eu à connaître de la loi contestée ? N’oublions pas non plus le rôle du Conseil constitutionnel comme juge de premier degré des élections. Juges et parties ! Ou plutôt juges et partis car c’est bien de politique dont il est, ici, question et non de droit. Peu importe ce recul de l’État de droit s’il permet au président de la République de poursuivre sa conquête des électorats radicaux et gaullistes symbolisée par les nominations de Jacques Mézard et de Alain Juppé. « Entre les communistes et nous, il n’y a rien », disait André Malraux. Emmanuel Macron semble définitivement avoir fait sien cette maxime. Entre les extrémistes et lui, il n’y a presque plus rien.