L'Église et l'argent : entre condamnation et imagination
Articles de la revue France Forum
Des marchands du temple aux marchands du monde.
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1. 78e saison des Semaines sociales de France, 2003.
Il y a une décennie environ, les Semaines sociales de France consacraient toute une session au thème « Dieu et l’argent ». Bien qu’à cette époque les déviances et les excès de la globalisation financière n’avaient été encore ni vraiment constatés ni clairement annoncés, le président des Semaines sociales de l’époque, Jean Boissonnat, pouvait conclure que, d’un point de vue chrétien, « l’argent pouvait s’avérer bon serviteur, mais qu’il demeurait en tout état de cause un mauvais maître1 ».
UN INSTRUMENT ET NON UNE FIN. Dans l’Évangile, on trouve de nombreuses allusions aux services que peut rendre l’argent. Il court même, comme dans la parabole célèbre des Talents (Matthieu 25), un préjugé favorable au travail, comme élément de la dignité humaine, et à l’argent, comme outil pour accélérer la circulation des marchandises et des biens, avec en corolaire une condamnation de la thésaurisation. Mais il faut l’admettre, ce n’est pas le message essentiel. C’est la propension naturelle de l’argent à s’ériger en mesure finale de nos actes et de nos comportements, à polariser autour de sa possession l’ensemble des relations humaines, à fomenter l’exploitation et la domination d’un groupe minoritaire sur l’ensemble du peuple qui conduisent Jésus, lui-même, à prononcer les arrêts les plus
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1. 78e saison des Semaines sociales de France, 2003.