Entre terroir et territoire : le cinéma et l'enracinement
Articles de la revue France Forum
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Café society, dernier opus de Woody Allen, décrit l’itinéraire d’un jeune Américain, Bobby, qui côtoie l’univers du cinéma américain des années 1930. Il y rencontre les artistes, mais aussi la pègre. Malgré sa timidité, il fraie son chemin, entre amours plus ou moins fugitives et rencontres avec les protecteurs qui comptent. Le film donne un bon aperçu de l’Amérique des années 1930 et d’Hollywood : prohibition, règlements de comptes, plumes et goudron pour les méchants. Café society, c’est aussi une Amérique qui n’est pas encore l’hyperpuissance d’aujourd’hui, plongée dans ses soucis internes, loin des secousses de la conjoncture internationale. Au final, une gentille comédie signée Woody Allen.
Passons d’Hollywood aux pâturages de la campagne axonaise, des années 1930 aux années 1970, avec Bienvenue à Marly-Gomont de Julien Rambaldi. L’histoire raconte l’installation d’un médecin zaïrois, docteur Zantoko, dans un village de l’Aisne, connu du grand public grâce à une chanson récente qui lui rend hommage. Avec sa femme et ses deux enfants, le jeune médecin, fraîchement diplômé, gagne la confiance des habitants du village. Bienvenue à Marly- Gomont est un agréable clin d’oeil à la France rurale, qui a son caractère et ses préjugés, mais qui sait aussi avoir le coeur généreux. Malgré les embûches et les mesquineries, le docteur Zantoko, soucieux de respecter les us et coutumes de son village et de son pays d’adoption, devient une référence morale dans le village. Marly-Gomont, c’est la France des années 1970, une France qui garde encore les apparences et les comportements d’une société marquée par ses racines rurales. Ce n’est pas un film « de plus » sur les immigrés ou sur l’ingratitude française : c’est l’itinéraire d’une famille bien disposée et respectueuse qui ne demande rien d’autre que de se fondre dans le moule. Pour paraphraser Daniel Halévy, Bienvenue à Marly-Gomont est une sorte de visite aux paysans de l’Aisne.