Lorsque Pierre le Vénérable s’engage dans la traduction du Coran il y a environ neuf siècles, il est clair qu’il s’agit bien plus de dénoncer ce qui est alors globalement perçu comme une secte anti-christique que d’avoir les moyens de mieux comprendre ce que sont ces mahométans qui occupent Jérusalem. Du côté musulman, on retrouve également quelques tentatives de compréhension des croisés avec une certaine indifférence pour l’aspect religieux. Ces tentatives sont relativement rares puisque ces piqûres de mouche aux franges de l’empire ne les préoccupent guère au regard des invasions mongoles qui, elles, posent d’importantes difficultés et vont ravager et détruire leur empire¹.

ÉTUDIER LE TEXTE SACRÉ DE L’AUTRE. Cette idée d’étudier le texte sacré de l’autre pour mieux le réfuter est tout à fait remarquable et constitue un très grand progrès : jusque-là, dans une logique d’empire centre et totalité du monde, l’autre est a priori voué aux gémonies. L’apparition des sciences sociales au XIX^e et l’émergence d’un regard historicisé sur les religions ne se sont pas faits sans difficulté pour le christianisme. En pleine crise de la modernité, la vie de...