©Isabella Damiani

Introduction

parChristian MAKARIAN, directeur délégué de la rédaction de L’Express

Articles de la revue France Forum

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Je vous remercie d’être venus assister1 aussi nombreux à ce moment de réflexion, d’expertise, de débats et d’échanges consacré à l’Asie centrale. Nos travaux seront organisés en deux tables rondes. La première sera dédiée aux acteurs en Asie centrale : quelles puissances à l’horizon 2025 ? La seconde table ronde sera consacrée aux perspectives économiques et à la nouvelle donne stratégique en Asie centrale.

Je voudrais, avant d’engager les débats, faire un rapide focus sur le Kazakhstan, pays aux potentialités si nombreuses, et qui, à bien des égards, semble résumer celles de l’ensemble de l’Asie centrale. De nombreux clichés et idées reçues circulent au sujet de cette région. Le cliché le plus répandu est celui de son éloignement. Or, nous avons tort. L’Asie centrale représente un pont naturel entre deux mondes que nous connaissons très bien, l’Europe et l’Asie. Selon tous les géographes, la partie du Kazakhstan située à l’extrémité ouest, avant le fleuve Oural, appartient à l’Europe. Au-delà du fleuve Oural, la partie avançant comme une pointe vers la Chine est, en revanche, géographiquement beaucoup plus asiatique.

Sur le plan géographique, le Kazakhstan est steppique et peuplé d’environ 17 millions d’habitants, soit une densité démographique très basse pour un pays environ cinq fois grand comme la France. Il regorge de ressources. Il est, notamment, le premier producteur mondial d’uranium et produit aussi une grande quantité de pétrole, de manganèse, de fer et autres minerais. Ces ressources gigantesques le dotent donc d’un potentiel exceptionnel.

Le Kazakhstan se trouve à la lisière de deux mondes différents. Dans l’axe ouest-est, il est au contact de la partie occidentale de la Chine, et pas n’importe laquelle : une Chine remuante et turbulente, notamment peuplée d’Ouïgours musulmans. Il a également une frontière commune avec la Russie, à l’ouest. Sa façade sud-est, quant à elle, est en contact direct avec trois autres républiques d’Asie centrale issues du démantèlement de l’ex-URSS : le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Kirghizistan. Et, au sud du Kirghizistan, se trouve une quatrième république d’Asie centrale, le Tadjikistan, spécifique, notamment, en raison de son caractère persanophone.

Le peuplement du Kazakhstan est d’origine turco-mongole, même s’il s’est fortement diversifié et complexifié durant la période soviétique. Il est, désormais, composé de plus de 20 % de Russes et de différentes autres nationalités. C’est pourquoi il convient de différencier les Kazakhstanais, au sens administratif du terme, des Kazakhs, qui désignent les éléments de culture kazakhe.

L’histoire du Kazakhstan fut très agitée durant le xxe siècle. Cependant, le pays avait connu la présence russe dès la première moitié du xIxe siècle, celle-ci se manifestant parfois de manière brutale. Le Kazakhstan a intégré cette culture russe, la langue russe étant aujourd’hui parlée par la majorité des Kazakhstanais, davantage même que le kazakh. C’est aussi une civilisation centrale, continentale, traversée par plusieurs influences et qui s’est extraordinairement ouverte au monde. En cela, le Kazakhstan est un point de passage et de transition entre plusieurs espaces.

Depuis son indépendance, en 1991, la France a conclu avec ce pays plusieurs accords internationaux. Elle a, comme l’Europe, beaucoup augmenté ses échanges avec le Kazakhstan, jusqu’à parvenir à l’établissement d’un véritable partenariat économique. Malgré les contraintes géographiques, nous sommes donc très proches de ce pays, d’où l’intérêt d’en débattre et de mieux explorer ses réalités et ses complexités.

 

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1. Conférence coorganisée par l’institut Jean Lecanuet, le groupe d’amitié sénatoriale France-Asie centrale, le Cercle Kondratieff et l’association Sogdiane, qui s’est déroulée le 16 octobre 2014, salle Clemenceau, palais du Luxembourg. (NDLR)

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