Le gouvernement polonais vient de se rendre compte, dans la douleur, combien la politique étrangère ne s’élabore pas de manière unilatérale, en ignorant le monde alentour, même s’il s’agit de la conséquence logique de la politique dite du lever de genou mise en œuvre depuis 2015. Avec son objectif de « recouvrer sa souveraineté », le parti au pouvoir a développé une stratégie politique taillée pour son électorat, ce qui amène la Pologne à œuvrer contre son propre intérêt national.

​La nouvelle politique étrangère est fortement motivée idéologiquement. Le principe fondamental de la pensée politique du parti Droit et Justice (Prawo i Sprawiedliwość ou PiS), c’est que la nation joue un rôle social essentiel et constitue une référence qui donne un sens à l’existence de chaque individu.

La nation est d’abord définie comme une communauté historique et culturelle vivante et non comme un organisme politique (une communauté de citoyens).

Mettre en exergue la spécificité de l’histoire polonaise, l’importance de l’église catholique dans l’identité nationale, l’homogénéité culturelle et ethnique de la société est l’expression de la croyance dans un « modèle polonais » qui doit être défendu plus que tout.

Pour les défenseurs de ce modèle, l’Unité européenne n’est pas une valeur en soi. En dépit du destin dramatique qu’a connu l’Europe avant son intégration – et la Pologne au premier chef –, la pensée qui motive la diplomatie polonaise ne va pas au-delà du retour au statu quo des premières décennies du XX^e siècle.

L’Union européenne est présente dans la politique actuelle, mais essentiellement à travers les contributions financières perçues, la Pologne acceptant le moins possible que son droit et ses institutions fassent des concessions à l’Union européenne. Si cette position...