La démocratie chrétienne italienne : histoire d’un déclin
Articles de la revue France Forum
Des racines, mais plus d’ailes !
Pour faire le bilan des longues années de la démocratie chrétienne (DC) en Italie, un constat s’impose : après avoir été dépréciée durant des décennies, il existe presque une certaine nostalgie de sa présence pour le rôle qu’elle a su jouer dans l’histoire de la République italienne.
LE RISQUE DE FABULER UNE DC MODÈLE. Toutefois, une analyse équilibrée des événements ne peut être influencée par cette désorientation qui domine, aujourd’hui, la vie politique italienne en s’inventant une DC qui, durant toute son histoire, aurait été un modèle en matière de règlement des tensions sociales et idéologiques, formant un « centre politique » propre à empêcher l’affrontement mortel entre la droite et la gauche. Tout cela est bien plus complexe.
Il va sans dire qu’aux débuts de la République, sous l’impulsion de Alcide De Gasperi qui accède au pouvoir après avoir fait l’expérience de grandes dissolutions (celle de l’empire des Habsbourg, celle de la première démocratie d’après-guerre et, enfin, celle du fascisme), la DC est en mesure de donner au pays une identité commune qui allie une culture largement partagée, celle du catholicisme d’ordre sociologique, avec une filière de sélection des classes dirigeantes ouverte au recrutement le plus large (celui qui passait par les organisations du laïcat catholique).
L’époque de Alcide De Gasperi est une époque de transition qui prend fin lorsque le résultat de l’opération imaginée par l’homme d’Etat trentin, à savoir la conquête de l’hégémonie politique, aboutit par la force des choses. C’est alors qu’on s’aperçoit qu’il peut y avoir deux possibilités de nature...