Lyon-Turin, un pari sur l'avenir
Articles de la revue France Forum
Les Alpes et, au-delà, la Méditerranée !
Les débats sur les enjeux géostratégiques des infrastructures de transport sont surplombés d’une croyance selon laquelle, depuis les voies romaines, lesdites infrastructures structurent le territoire. La circulation des flux attirerait populations et activités économiques et assurerait dans la durée la prospérité des espaces traversés.
Le constat historique est moins simpliste. Si exemples et contre-exemples sont aussi nombreux à propos de cette thèse, c’est que, là où les infrastructures sont vues comme l’unique vecteur déterminant les transformations territoriales, c’est en réalité un contexte socio-technique bien plus complexe qui est, à chaque fois, mobilisé. Les voies romaines ont accompagné une politique de quadrillage politique et militaire portée par la puissance de l’Empire romain et c’est dans ce cadre qu’elles ont créé l’armature urbaine de l’Europe occidentale. Le chemin de fer a peuplé les grandes régions industrielles et vidé les campagnes dans un processus indissociable de la révolution industrielle, du développement des activités minières, textiles ou sidérurgiques, et de l’augmentation des rendements agricoles. En revanche, les routes et les manufactures royales de Colbert n’ont pas initié de transformation structurelle de la France au tournant du XVIIIe siècle.
Les infrastructures « agissent » donc dans un contexte socioéconomique qui leur est propre. Mais...