Il y a les promesses des politiques, jamais tenues. Amour superficiel. Celles des adolescents, gravées sur des troncs d’arbres. Amour éternel. Vinrent aussi Romain Gary et celles de l’aube. Amour maternel. Il est question, ici, dans le recueil de poèmes de Benoît Vermander de celles de la nuit. « Capable de tout entendre », écrivait Rilke. Capable de tout voir, lui fait écho Vermander dans ce joli recueil. Poète, et tour à tour peintre, calligraphe, philosophe, père jésuite. De quelle nuit s’agit-il ? Celle de la naissance de Jésus, quand les bergers dorment aux champs ? Celle de la rencontre secrète du Christ et du Juif Nicodème ? Ou celle de son arrestation dans le petit jardin de Gethsémané ? La nuit est ainsi. On y entend mieux. on y regarde mieux. Certains disent même qu’on y vit mieux. « Une expérience de déracinement », nous dit l’auteur. Les phrases s’envolent et se perdent. Vers et prose. Italiques et capitales. Mots et traits. Espoir et souvent abandon.

« Et voilà rien plus ne subsiste le saccage est total et la chose promise est pour toujours déniée refusée abolie c’est ainsi et c’est bien ainsi lors je reste tranquille laissé sur le bord de la route j’en admire la pente et la belle ordonnance et combien j’ai glissé jusqu’à ma propre perte j’admire le pan de montagne qui ferme le ciel au cadenas. »

L’aube est proche et l’histoire que nous dit ce merveilleux conteur touche à sa fin, « une histoire faite d’îles et de choses promises qui se dérobent et puis surviennent sur la mer et parmi l’orage.»