© s4svisuals - Les disparités entre les systèmes de santé des états membres créent de fortes inégalités au sein de l’UE.

Santé : repenser le principe de subsidiarité

parRaphaela KITSON-PANTANO, directrice générale de Yes We Can Consulting

Articles de la revue France Forum

Prévenir, soigner, financer : la santé au cœur du projet européen.

Un citoyen européen atteint de cancer, de diabète ou de la maladie d’Alzheimer, peu importe l’État membre dont il est originaire, souffre de la même manière que n’importe quel autre malade. Pourtant, selon l’endroit où il vit, l’étendue, le temps d’attente et la qualité des traitements diffèrent.

Les capacités de l’Union en matière de politique de santé sont définies dans l’article 168 du Traité de fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), qui établit clairement que la politique de santé est une compétence exclusive des états membres1. Toutefois, étant donné la rapidité des changements à l’œuvre dans les écosystèmes de santé, il semble pertinent de se demander si ce système est soutenable. Le caractère transfrontalier des problèmes de santé et l’observation des pratiques extérieures semblent pointer en faveur d’un système de santé holistique, étendu à l’échelle de l’Union européenne.

Les attentes des patients, l’émergence de plusieurs parties prenantes dans l’écosystème des soins et de la santé, le coût de ce système et le vieillissement généralisé de la population sont des points communs à tous les États membres.

La médecine devient plus proactive que réactive et la médecine des 4P (prédiction, personnalisation, préemption, participation2) est totalement imprégnée des approches systémiques. Alors que les systèmes de soins actuels reposent d’abord sur l’identification de signes et de symptômes avant la mise en place d’un traitement, les progrès médicaux rendent les citoyens plus exigeants en termes de conseils de santé, d’anticipation des risques et de suivi de traitement. Le choix d’un prestataire de santé, sa capacité à nous prendre en charge et à nous soigner, la confiance que ses patients lui accordent sont au cœur de ce nouveau modèle. 


L’ÉCOSYSTÈME DES SOINS ET DE LA SANTÉ. La cartographie du génome humain, la révolution des technologies dites en « -omique » et les techniques de séquençage ont engendré un changement profond : la médecine de masse a laissé place à une médecine individuelle, pour le traitement de la maladie comme pour sa prévention.

Les patients s’attendent à un traitement parfaitement adapté à leur cas particulier. Les dépenses de santé sont donc en croissance exponentielle, tirées...

_____
1. Améliorer la santé de tous les citoyens européens, Commission européenne, 2014. https://publications.europa.eu/fr/publication-detail/-/publication/b1ccb988-a3a6-4e67-9dcf-72d444971bbc
2. Leroy Hood et Stephen H. Friend, « Predictive, Personalized, Preventive, Participatory (P4) Cancer Medicine », Nature Reviews Clinical Oncology,volume 8, issue 3, 2011, pp. 184-187.

Santé
Europe
Union européenne