Un basculement sans précédent s’est produit dans la distribution des votes entre les élections générales britanniques de 2015 et celles de 2017. En 2015, l’institut de sondages YouGov estimait que la classe d’âge des 18-39 ans votait dans les mêmes proportions pour les deux grands partis, travailliste et conservateur. En 2017, la situation a fortement évolué. Seuls 22 % des 20-24 ans ont voté pour les conservateurs, soit trois fois moins que les 62 % ayant apporté leurs voix au parti travailliste. Sans le vote des 70 ans et plus, majoritairement conservateur, le Royaumeuni serait, aujourd’hui, entre les mains du gouvernement le plus socialiste de son histoire. 

En raison de la rapidité avec laquelle il s’est produit, de nombreux observateurs attribuent ce renversement du paysage politique à un réveil de la société civile. Pour autant, d’autres facteurs entrent en jeu. 

Tout d’abord, la question de l’équité intergénérationnelle a certainement joué un rôle important, les jeunes ayant bien des raisons de se sentir lésés. Les restrictions budgétaires ont ciblé quasi exclusivement la population des travailleurs, laissant le revenu disponible moyen de cette classe d’âge inférieur à celui des retraités. Le ratio prix immobilier-revenus a atteint un maximum de 7,5, fermant les portes de la propriété immobilière à de nombreux jeunes. Cette problématique est encore plus exacerbée par les effets inflationnistes du programme de quantitative easing de la Banque d’Angleterre. 

DES PROMESSES IRRÉALISTES. En outre, les promesses de Jeremy Corbyn...