Quel monde aérien après la Covid-19 ?
Articles de la revue France Forum
Le transport aérien en pleine crise existentielle.
Historiquement, du point de vue de l’activité comme des profits, 2019 avait été la meilleure année du transport aérien. 2020 sera la pire de toutes. Jusqu’en 2022 au moins, celles qui suivront s’annoncent difficiles pour les compagnies aériennes, les aéroports et l’ensemble de la filière technique concernée.
La question naïve qui se pose est la suivante : la Covid19 génère-t-elle « seulement » une crise passagère que le monde aérien surmontera comme il l’a fait pour celles de 2008 ou de 2001 ? Ou bien une autre période est-elle en train de s’ouvrir, fermant le ban de soixante-dix ans de croissance du transport aérien ? Même Dave Calhoun, président de Boeing, voit de nombreux obstacles à la reprise : visioconférences au lieu de voyages d’affaires, budgets loisirs réduits et diminution des voyages d’agrément, prise de conscience écologique... Pour le dire autrement, la Covid-19 aura-t-elle été un accélérateur pour une tendance nouvelle qui vise à mettre fin aux avantages fiscaux de l’activité aérienne et à son incapacité à freiner le dérèglement climatique ? L’évolution des mentalités va-t-elle s’accélérer pour aller vers plus de résilience environnementale et sociale ? ou bien les sociétés vont-elles se fracturer entre les tenants du consumérisme et les alternatifs qui s’engagent dans l’usage d’un autre monde ?
Si les transports maritimes et terrestres ne sont pas neutres dans la propagation des virus, les compagnies aériennes sont en première ligne étant donné leur capacité involontaire et foudroyante à les diffuser. Le boom du transport aérien, en Asie notamment, est venu aggraver la situation : en 1992, la Chine n’a connu que 500 000 mouvements d’avions pour atteindre 10 249 millions en 2017, dont 869 000 à l’international. De plus, les cinquante plus grands aéroports de la planète rassemblent 75 % des flux aériens ; connectés en archipel, ils peuvent répandre les virus sur les plates-formes secondaires qu’ils desservent. En retour, le monde aérien – compagnies, constructeurs, fournisseurs, activités touristiques – est...