NOTE DE LECTURE - PANORAMA

Atatürk. La naissance de la Turquie moderne de Fabrice Monnier

parJérôme BESNARD, essayiste, chargé d’enseignement à l’université Paris Cité

Articles de la revue France Forum

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Mustapha Kemal dit Atatürk aura eu la responsabilité historique de faire passer son peuple du joug de l’Empire ottoman à l’adhésion à une république moderne dont les acquis sont, aujourd’hui, remis en cause par la poussée islamiste. Né en 1881 au sein d’une famille modeste dans la ville de Salonique, Atatürk intègre dès 1893 une école d’enfants de troupe. Pur produit du militarisme ottoman, Mustapha Kemal s’accomplit au sein des sociétés secrètes qui oeuvrent à une réforme radicale de l’empire. à partir de 1912, officier d’état-major, il va combattre successivement en Libye, en Thrace, en Palestine, aux Dardanelles et en ionie. Au printemps 1920, il s’empare du pouvoir suprême. L’Empire ottoman entre en agonie et le dernier sultan ne pèsera pas lourd. En 1924, Mustapha Kemal met fin au califat islamique, qui n’a jamais été restauré depuis. La Turquie moderne, centrée sur l’Anatolie, est née. Elle va notamment forger son unité dans l’expulsion des minorités chrétiennes, d’ascendance hellénique ou arabe, présentes depuis des siècles, voire des millénaires. Atatürk fut clairement un dictateur, au sens de chef charismatique que le peuple se donne pour guide suprême. En l’espace d’une décennie, il imposa des réformes très profondes à son pays. Il est mort le 9 novembre 1938 d’une cirrhose. À Ankara, son mausolée demeure encore intouchable malgré l’évolution religieuse du régime. Avec cette biographie d’Atatürk, Fabrice Monnier renouvelle en profondeur l’approche historiographique du personnage en le réinscrivant dans un contexte géopolitique complexe : guerres balkaniques, opposition séculaire entre Grèce et Turquie, structuration étatique du Levant et de la Mésopotamie. Sans oublier le génocide arménien et la question kurde… 


CNRS éditions, 2015 – 22,50 €

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