Dans de nombreux pays, la lutte contre la propagation du virus de la Covid-19 s’est traduite par des mesures de fermeture des établissements scolaires associées au confinement des élèves et de leurs familles. Selon les données publiées par l’Unesco, près de 1,6 milliard d’élèves, soit plus de 90 % des élèves scolarisés, étaient concernés au début du mois d’avril 2020 à l’échelle mondiale. En France, ce sont 12 millions d’élèves et 870 000 enseignants dont les établissements scolaires ont été fermés le 16 mars 2020. Annoncée le jeudi 12 mars en soirée par le président de la République lors d’une allocation télévisée, il ne restait, en réalité, qu’une seule journée pour préparer une mise à distance de l’école et trois pour que les familles s’organisent. Même si l’on sait, aujourd’hui, que l’épidémie se répandait à bas bruit depuis plusieurs mois, on ne peut que constater que personne n’était préparé à l’ampleur de la crise sanitaire et à la radicalité des dispositions prises pour l’endiguer. C’est particulièrement vrai pour l’éducation. Si, vu depuis des perspectives strictement éducatives, il y a peu à dire sur la soudaineté de la décision de fermer les établissements scolaires ni sur la justification de cette fermeture, deux questions méritent d’être posées : celle de la préparation du système éducatif à faire face à des crises majeures et celle de la pertinence de la conduite de cette séquence par l’État.

S’agissant de la préparation des institutions éducatives, la question n’est pas réductible à celle de l’existence préalable d’un plan de continuité des activités (PCA) à l’instar de ce qui a été mis en place dans la plupart des grandes organisations depuis les attentats de 2001. Pour l’éducation, il existait bien des éléments de PCA élaborés dans le contexte du risque de pandémie dû au virus de la grippe A (H1N1). Pour autant, aucun PCA n’était véritablement opérationnel pour assurer le fonctionnement, même en mode dégradé, de l’ensemble du système scolaire, du rôle et de l’action du ministre jusqu’à ceux des enseignants avec leurs élèves. La source des problèmes rencontrés n’est pourtant pas l’absence ou la quasi-absence de PCA. D’autres difficultés ont...