Lorsque la (presque) fin d’une période aussi intense que celle vécue pendant le confinement est survenue, on n’a pu que constater la manière dont le monde de l’enseignement et, plus largement, celui de l’éducation avaient été secoués et mis en demeure de répondre immédiatement à une situation inédite. Le fait que, du jour au lendemain, les écoles, collèges et lycées soient fermés alors que l’année scolaire était loin d’être terminée a révélé les forces et les faiblesses du modèle scolaire français et, au-delà, amener les acteurs à imaginer des solutions. 

Ce sont donc les moyens numériques qui ont été mis en avant comme la première solution possible et permise. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, s’appuyant sur l’opérateur d’enseignement à distance historique, le Centre national d’enseignement à distance (CNED), et sur les environnements numériques de travail (ENT), a pu penser que les moyens numériques seraient suffisants pour permettre d’offrir une continuité dite pédagogique. Cela se concevait s’il n’y avait quelques obstacles que chacun s’est employé à lever le moins mal possible avec ses propres moyens. C’est probablement ce qui a permis que cette période ne soit pas aussi catastrophique qu’on aurait pu le craindre.

IMPRÉPARATION DU MONDE SCOLAIRE. Malgré une antériorité réelle sur l’ensemble de la société – l’informatique fait son entrée dans les établissements scolaires dès le début des années 1980 –, l’école a été dépassée à partir des années 2000 par l’informatisation générale, désormais porter par le terme « numérique ». Celui-ci traduit l’arrivée massive de l’ordinateur, d’Internet, puis du smartphone dans les familles.

À l’entrée dans le confinement, une grande partie des enseignants s’est retrouvée face à l’impératif d’utiliser les moyens numériques pour assurer la « continuité du service public de l’éducation ». Avec un matériel acquis personnellement, avec des formations très en deçà des besoins, avec des pratiques pédagogiques intégrant très peu le numérique (plusieurs enquêtes récentes le confirment), les difficultés à surmonter ont été nombreuses....