C’est un opuscule qu’il convient de prendre au sérieux, puisque l’auteur est un des meilleurs spécialistes du droit européen, dans son enseignement universitaire comme dans sa pratique quotidienne au Conseil d’État. Européen et démocrate convaincu, iconoclaste à l’humour toujours ravageur, l’auteur propose aussi bien des interprétations analytiques que des pistes d’amélioration, en partant d’une réalité européenne qu’il sait complexe.

Ses réflexions naissent du référendum britannique du 23 juin 2016 avec un résultat qui nous oblige à nous repenser, nous Français, dans notre rapport à l’Europe. Plus encore, l’auteur nous suggère de trouver les justes moyens de poursuivre le projet européen car « l’UE reste le niveau d’intervention pertinent. Mais à la condition de « reconstruire la démocratie nationale pour redonner au peuple le contrôle de sa destinée européenne ».

Parmi les nombreuses propositions concrètes (à traités constants, puisque le contraire impliquerait une unanimité totalement utopique dans le climat politique européen actuel), certains considéreront qu’une part trop belle est faite à la plus grande implication des parlements nationaux dans le processus décisionnel. L’idée de l’auteur est de nationaliser davantage la question européenne. Un chapitre aborde aussi les « communautés régionales », à savoir la possibilité de relancer la construction à partir de nouveaux traités ou conventions, à deux (le couple franco-allemand), à cinq (avec le Benelux) ou à trois (le triangle de Weimar), puisque « la consolidation d’une partie de l’Union européenne stabilisera la construction européenne ». Enfin, Jean- Luc Sauron liste les compétences stratégiques qu’il conviendrait d’engager, dans le domaine de la défense, pour une réindustrialisation ou, dans le domaine de l’éducation, pour une politique ambitieuse.

Un opuscule utile qui incite le lecteur à réagir, à en demander plus. Que l’auteur poursuive son combat, nous manquons d’architectes !

Gualino, 2016 – 9 €