©Peter Fitzgerald amendements par Itpowers et burmesedays traduction française par joelf  CC by-sa 3.0

Le Sahel en 2021 : une poursuite de la détérioration

parNicolas NORMAND , ancien ambassadeur de France au Mali, au Congo et au Sénégal 

Articles de la revue France Forum

Derrière le sous-développement, le terrorisme djihadiste !

La situation sécuritaire au Sahel s’aggrave alors que la crise entre dans sa dixième année et que les remèdes se révèlent inefficaces à ce stade. Le Sahel, après un âge d’or, s’est mal remis du contournement commercial maritime, puis du traumatisme colonial. Les états actuels, pauvres et enclavés, n’ont pas pu administrer de vastes territoires, inventer un modèle politique inclusif et s’insérer dans l’économie mondiale. Des groupes armés sont apparus dans les zones périphériques, d’abord au nord du Mali dont l’armée s’était retirée en application de l’accord de paix de 1992 avec la rébellion touarègue.

Facteur aggravant : le Sahara s’est étendu. Les isohyètes de 200 mm de pluie sont descendues, en cinquante ans, de 250 km au sud tandis que la population triplait, passant de 30 à près de 90 millions d’habitants, dans les six pays francophones, Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, niger et tchad. Ceci se poursuit : la population devrait passer de 90 millions, en 2015, à 240 millions, en 2050, voire 540, en 2100, sauf émigration massive vers les états côtiers. Le changement climatique devrait aussi affecter les ressources agricoles, pesant sur les tensions entre pasteurs nomades du nord et agriculteurs sédentaires du Sud.


En 2000, l’arrivée au nord du Mali de djihadistes du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) en 2007, afait germer le terrorisme. S’y ajoute le débordement de la crise libyenne en 2011, avec des Touareg armés qui ont relancé une rébellion séparatiste à Kidal (4e rébellion par le Mouvement national pour la libération de l’Azawad). Des rivalités ont suscité deux groupes djihadistes locaux : Ansar Dine de Iyad Ag Ghali (chef touareg converti à l’islamisme tabligh) et le mouvement pour l’unité du djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), scission d’Aqmi, avec Abou Walid al-Saharaoui. Le terrorisme djihadiste affectait déjà les marges du Sahel avec Boko Haram au nord du nigeria depuis 2009 (23 000 morts) et les Chebabs en Somalie dès 2006 (8 000 morts selon le Global terrorism Index (GTI)).

En 2012, le Mali a été... 

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