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Les criminels et la Covid-19

parEric VERNIER, maître de conférences à l’université du Littoral Côte d’Opale, directeur de la chaire Échanges et Risques internationaux à l’ISCID, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)

Articles de la revue France Forum

Les mafias aiment les crises et les pauvres.

À qui profite le crime ? Dans la crise du coronavirus, la question peut se poser. Les informations qui circulent et les études en cours mettent en avant l’intensification des activités criminelles liées à la pandémie. Même Tracfin, l’organisme français de lutte contre le blanchiment, a décidé d’alerter les professionnels des risques grandissants1. Le Groupe d’action financière (GAFI), organisme intergouvernemental antiblanchiment, quant à lui, a publié un document intitulé « Risques liés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme liés à la Covid-19 et réponses politiques2 ». Derrières ces risques rôdent les fameuses mafias, nommées « organisations criminelles transnationales » dans le jargon technique. « Organisations » car elles fonctionnent comme des entreprises, « criminelles » parce que leurs activités sont avant tout… criminelles. « Transnationales » par leur présence sur toute la surface du globe, au-delà des frontières de leur siège historique.


LES CRISES PROFITENT AUX CRIMINELS. Chaque année, l’argent criminel représente environ 2 500 milliards de dollars dans le monde. Ces sommes proviennent en premier lieu du trafic de stupéfiants, mais aussi – et de plus en plus – du trafic de médicaments, du trafic d’organes et, plus généralement, du trafic d’êtres humains. La cybercriminalité, relativement récente, est devenue la première fraude contre les entreprises avec un coût global de près de 1 000 milliards de dollars par an. À cela s’ajoutent encore le trafic d’armes, le vol, la contrebande, la contrefaçon, les crimes environnementaux, les escroqueries, les paris truqués…

Cet argent criminel, une fois blanchi via des montages internationaux astucieux (sociétés écrans, transactions fictives, etc.), sera...

 

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1. « Les risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme liés à la crise sanitaire et économique de la pandémie Covid-19 », 18 mai 2020.
2.  28 avril 2020.

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