Les relations de pouvoir dans l’histoire économique turque
Articles de la revue France Forum
Une lutte à mort pour le contrôle de l’économie.
L’histoire de Koç Holding, le plus ancien et le plus grand des conglomérats turcs, est emblématique du développement du capitalisme en Turquie. Au cours de l’après-guerre et du rapprochement entre la Turquie et les États-Unis, Koç a été notamment le distributeur de Ford. Très vite, ses activités ont été orientées vers l’industrie avec l’aide de capitaux étrangers. Le coup d’État de 1960 a eu pour cible un gouvernement qui soutenait plus le commerce que l’industrie, provoquant des crises de change importantes. Par la suite, grâce aux politiques de substitution des importations, le secteur industriel a été protégé de la concurrence étrangère, enclenchant un processus de monopolisation rapide dans ce secteur économique. Koç, devenu holding en 1963, a été l’entreprise qui a généré la plus forte accumulation de capital.
DES POLITIQUES NÉOLIBÉRALES ENGAGÉES. En 1971, année d’un autre coup d’État, a été fondée la Tüsiad (association des industriels et des hommes d’affaires turcs). Le capitalisme industriel voulait se démarquer des autres acteurs de l’économie en choisissant une organisation distincte pour défendre ses intérêts. La Tüsiad occupe toujours une place importante sur la scène économique et politique en tant que représentant de la grande bourgeoisie.
Dans les années 1960 et 1970, les intérêts des PME d’Anatolie ont commencé à diverger de ceux de la bourgeoisie industrielle. Cette dernière affichait une vision du monde pro-européenne, occidentaliste et laïque et ses adhérents, qui avaient établi de nombreux partenariats capitalistiques avec des sociétés étrangères, voulaient s’ouvrir encore plus aux marchés extérieurs. Les PME d’Anatolie se sont opposées aux développements monopolistiques ainsi qu’à l’occidentalisation. C’est ainsi qu’a commencé le regroupement du capital islamique. Vers la fin des années 1970, Koç Holding a préconisé...