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La transformation de l’armée après le putsch raté

parSümbül KAYA, chercheure à l’Institut français d’études anatoliennes à Istanbul (Turquie)

Articles de la revue France Forum

Le sabre et le goupillon.

La tentative de coup d’État du 15 juillet 2016 a conduit à une transformation de l’institution militaire et des relations civiles et militaires en Turquie. En effet, une refonte de l’armée, présentée dans le discours officiel comme une politique volontariste de « professionnalisation, civilianisation et modernisation », a été entreprise depuis le putsch manqué. Cependant, cette réforme est également le reflet de l’institutionnalisation d’un changement idéologique des forces armées turques qui s’éloignent de certaines valeurs et normes occidentales, outre-atlantistes et kémalistes, jusque-là largement diffusées au sein de l’armée. L’institutionnalisation de la religion au sein de l’État s’observe également dans d’autres secteurs de l’action publique, notamment dans les établissements scolaires publics.


LES PRIÈRES MÉDIATISÉES. Depuis la tentative du coup d’État, on observe une tolérance plus grande à l’égard de la religion au sein de l’institution militaire. Si les pratiques religieuses y étaient tolérées, elles relevaient de la sphère privée et devaient rester discrètes, jusqu’en 2007 au moins. Depuis le putsch manqué, on constate une tendance inverse, c’est-à-dire une institutionnalisation et une visibilisation des pratiques religieuses islamiques, notamment par leur mise en scène dans les médias. Ces changements, plutôt progressifs et discrets, reflètent bien cette volonté de sacraliser l’institution militaire par le biais de la religion et d’islamiser les forces armées turques. Par exemple, l’actuel chef de l’état-major, Hulusi Akar, a prié le 16 février 2017 à La Mecque avec le président Recep Tayyip Erdogan. C’est la première fois qu’un chef d’état-major...

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