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L’autoritarisme extraterritorial

parBahar BASER, professeur associé à l’université de Coventry (Royaume-Uni), Ahmet Erdi OZTURK, professeur assistant à la London Metropolitan University (Royaume-Uni)

Articles de la revue France Forum

Un va-et-vient migratoire très électrique.

La position géographique de la Turquie au sein de l’Asie de l’Ouest fait de celle-ci, et en permanence, un espace d’accueil et de production des migrations, une sorte de centre névralgique migratoire. Cette question n’est pas du tout nouvelle en Turquie pour des raisons qui sont à la fois politiques, économiques et sociales. Ce va-et-vient migratoire s’enracine, en effet, profondément dans la société turque et constitue depuis des siècles un élément essentiel de son tissu social. C’est en conséquence un sujet politique majeur, avec des clivages ou des positionnements souvent hérités des puissants Empires byzantin et ottoman.

Les Grecs ottomans et ceux des Balkans, les résidents non musulmans d’Anatolie ont été contraints à migrer en raison d’accords internationaux et ont constitué la première vague de migration forcée vers la Turquie. À l’inverse, la fin des années 1940 a marqué le départ de Turquie de ceux qui recherchaient en Europe des conditions économiques plus confortables. L’environnement de polarisation politique et de conflit qui a émergé dans les années 1960 a ensuite amené les Kurdes, les Alévis et les islamistes à quitter le pays, engendrant une diaspora turque d’abord en Europe continentale, puis au Royaume-Uni et aux États-Unis. Cette situation a commencé à évoluer avec l’arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP), fondé sous la direction de Recep Tayyip Erdogan, en 2002. Ce changement a causé plusieurs traumatismes à la fois dans la société turque, dans la diaspora et, plus globalement, dans les...

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Recep Tayyip Erdogan