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Les religions en France : de la persécution à la récusation

parJean-Pierre DELANNOY, chercheur associé au centre Droit et Sociétés religieuses de l’université Paris-Saclay

Articles de la revue France Forum

Restaurer la neutralité laïque.

Il peut paraître singulier de parler de la France dans un dossier consacré aux persécutions religieuses. En effet, le sort réservé, en France, aux confessions religieuses n’a rien à voir avec l’oppression qu’elles subissent en d’autres pays. Cependant, il est difficile de contester que la religion, sous le double prétexte de la sécularisation et de préoccupations aiguës d’ordre public, se voit de plus en plus dévalorisée, selon une évolution qui marque une régression logique par rapport aux temps fondateurs de la laïcité républicaine.


LE TEMPS DE LA SÉPARATION  : DE L’AFFRONTEMENT À L’APAISEMENT. Quand la IIIe République s’installe, dans les années 1880, la seule réalité religieuse qu’elle prend en considération est le catholicisme. Les deux autres religions alors reconnues, le protestantisme et le judaïsme, sont socialement minoritaires et ne posent aucun problème politique ; quant à l’islam, il n’est considéré que dans les colonies. L’Eglise catholique, pour sa part, est doublement hostile à la République, parce qu’elle en conteste la légitimité politique et récuse les valeurs libérales et humanistes qui constituent son socle idéologique. La clairvoyance du pape Léon XIII, manifestée par son appel au Ralliement, pénètre inégalement les milieux catholiques.

La riposte républicaine visera d’abord les congrégations. La loi de 1901 qui consacre la liberté d’association contient aussi, en son titre III, un statut des congrégations empreint d’une volonté de contrôle. Pierre Waldeck-Rousseau, qui l’inspire largement, se méfie...

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