La France, en ces temps troublés, ne semble pas avoir de stratégie globale, au sens politique du terme. Les dirigeants se révèlent impuissants à proposer une vision à long terme de la société, de son développement, de sa sécurité et de sa liberté. Or, de Sun Tsé à Clausewitz et Beaufre, on sait qu’il n’y a de stratégie que lorsqu’il y a un but.

Dans le même temps, et pour revenir à la mer, les Français entretiennent avec elle une liaison amoureuse, sous forme clinique d’exaltation affective à éclipses. ils n’ont jamais envisagé sérieusement un mariage de raison, donc dans la durée. Les deux seuls officiers de marine connus dans le demi-siècle écoulé sont ainsi Cousteau et Tabarly, porteurs pour le premier du rêve des océans et pour le second, du rêve de la voile.

La France est une puissance maritime mondiale de premier rang, mais ne sait pas exploiter ce trésor, faute de stratégie maritime.

UN NOUVEAU REGARD STRATÉGIQUE SUR LA MER. Tout d’abord, la mer est au coeur d’une révolution intellectuelle mal perçue en ce début de xxie siècle. Le conflit historique entre puissances de la mer et puissances de la terre s’est toujours soldé par la victoire des premières sur les secondes¹. il est donc logique de s’interroger sur la pérennité du rôle de la mer dans la confrontation entre les grandes puissances.

Or, la mer change de statut. La liberté de s’y déplacer est contestée, elle tend à se hérisser de « barbelés » marquant les ambitions de territorialisation. Les tensions maritimes vont s’accroître avec, sans cesse, de nouveaux acteurs, comme dans la cyberguerre.

Toutefois, ce n’est pas seulement...