La démographie offre des outils extrêmement riches pour se prêter à des exercices prospectifs. L’histoire des prévisions démographiques nous oblige, toutefois, à faire preuve d’humilité. À ce titre, ce n’est pas tant ce qui avait été prévu qui pose problème que ce qui ne l’avait pas été et qui jalonne l’histoire difficile du champ de la prospective des populations. Rappelons qu’aucun analyste n’avait prédit le baby-boom du milieu du XX^e siècle en Occident ; aucun n’a non plus anticipé la chute brutale de la fécondité qui a suivi et le vieillissement accéléré de la population qui l’a accompagné. Bref, si on s’engage sur ce terrain, ne suscitons pas d’attentes démesurées et, comme le suggère le démographe Louis Henry¹, commençons d’abord par préciser que ce que l’on propose, ce ne sont pas des prévisions, mais plutôt des perspectives démographiques.

TENDANCES DANS L’ESPACE FRANCOPHONE. Si le passé est souvent garant de l’avenir, ce n’est pas toujours le cas lorsque l’on s’intéresse à l’étude des mutations sociales. Néanmoins, il est important de bien comprendre les transformations démographiques majeures qui traversent l’espace francophone depuis plus de cinquante ans. Certains s’étonnent d’entendre répéter que l’avenir démographique de la francophonie se joue en Afrique. En fait, il semble que certaines tendances démographiques récentes soient passées sous le radar, ce phénomène étant...