Quelle stratégie pour la France ?
Articles de la revue France Forum
L'arctique est un enjeu pour la France, mais avons-nous encore les moyens de nos discours ? Comptons aussi sur l'Europe.
NICOLAE SCHIAU. – Je donne la parole à Christian Gaudin, préfet honoraire, ancien sénateur de Maine-et-Loire.
CHRISTIAN GAUDIN. – En tant que sénateur, j’ai travaillé au sein de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques sur la question du réchauffement climatique. Et, comme sénateur toujours mais dans le cadre législatif, j’avais préalablement travaillé comme rapporteur sur le texte de transposition du protocole de Madrid, complément au traité si salutaire pour la protection de l’Antarctique, dont Michel Rocard a été l’orfèvre.
J’ai aussi produit un rapport d’évaluation de la place de la France dans la recherche scientifique en milieu polaire en m’appuyant justement sur la situation de l’Antarctique. J’y ai perçu l’intérêt d’avoir sur le sujet une approche bipolaire, comparative des deux pôles, associant les sciences de l’univers et les sciences du vivant, comme la biologie marine, par exemple.
Ce travail m’a permis de comparer la situation des deux calottes glaciaires et, à cet égard, je confirme le caractère essentiel de ces dernières concernant le fonctionnement climatique. Notre planète est une immense machine thermodynamique avec deux sources froides qui sont les calottes glaciaires et une source chaude qui est l’équateur. La mise en relation entre ces deux pôles est activée par deux fluides caloporteurs : les courants marins et les courants atmosphériques et stratosphériques.
En observant le globe, on remarque que 75 % des grands pays industriels sont situés dans l’hémisphère Nord et qu’a contrario, dans l’hémisphère Sud, se situent 75% des océans.
Tout ce système nord/sud est dit équilibré et organise le fonctionnement climatique aux diverses latitudes. Dès que des perturbations surviennent – ce qui se passe au nord par la disparition progressive de la banquise –, cela peut aboutir à des dérèglements climatiques. Ce n’est pas établi encore complètement, mais certains mouvements climatologiques sont impressionnants.
Au sud, nous disposons d’un continent, l’Antarctique, qui supporte une immense couche de glace, en moyenne de plus de 3 000 m d’épaisseur. Au nord, nous avons un océan de glace qui, dans trente ou quarante ans, pourrait complètement disparaître pendant certaines parties de l’année.
Quelques mots sur les statuts des deux pôles. Au sud, à partir de 1958, huit pays, dont la France avec la terre Adélie, revendiquaient une possession sur ce continent, et on a pu établir un traité international. Aujourd’hui, une cinquantaine de nations sont intéressées par les activités scientifiques du continent antarctique. En Arctique, le statut est...