Après l’intervention militaire turque de 1974, provoquée par un coup d’État à Nicosie inspiré par la junte grecque, Chypre s’est retrouvée divisée en deux régions ethniquement homogènes. Les Chypriotes grecs – majoritaires sur l’île – se trouvent au sud de la ligne de partition, dite ligne verte, sous le contrôle de la république de Chypre (RDC), la seule reconnue internationalement (à l’exception de la Turquie). Au nord de cette ligne verte, sur 36 % du territoire occupé par les forces turques, les Chypriotes turcs et ressortissants turcs (ces derniers considérés par la RDC comme des colons dont le statut final reste incertain) vivent en république turque de Chypre du nord (RTCN), autoproclamée en 1983 et reconnue par la seule Turquie. La Force des nations unies pour le maintien de la paix à Chypre (UNFICIYP), présente sur l’île depuis 1964, patrouille la zone tampon pour assurer le respect du cessez-le-feu.

Depuis, de nombreuses tentatives de pourparlers ont eu lieu entre les deux communautés afin de résoudre la question chypriote sous l’égide de l’Onu et selon les paramètres agréés par les deux parties prenantes : une fédération bizonale bicommunautaire. La solution au conflit chypriote est aussi négociée selon le principe que « rien n’est convenu tant que tout n’est pas convenu ». L’ouverture progressive, dès 2008, de points de contrôle le long de la ligne verte n’a pas permis de surmonter la culture de séparation ni de construire des relations de confiance entre les deux communautés.

Après l’échec du référendum de 2004 sur le plan de paix négocié sous l’égide de l’Onu (dit plan Annan), l’élection, en 2015, de Mustafa Akinci, candidat de la gauche modérée en RTCN, a été perçue comme un nouvel élan pour les pourparlers de paix et a mené à la conférence de Crans Montana, en août 2017. Portant sur les questions de la sécurité, des garanties, des nouvelles frontières et du partage du pouvoir, cette conférence n’a...