Arrêtons d'élire des présidents ! de Thomas Legrand
Articles de la revue France Forum
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Éditorialiste politique à France Inter, thomas legrand lève un tabou. Ou plutôt décide d’« écrire tout haut » ce que beaucoup pensent tout bas dans le microcosme politique. Oui, l’élection présidentielle rend fou. Oui, l’élection présidentielle paralyse notre pays. Oui, nos présidents sont condamnés à n’être que des « rois fainéants », incapables et impuissants à engager la moindre réforme d’importance. Oui, ce culte de l’homme providentiel n’est ni sain ni adapté à la société d’aujourd’hui, à l’Europe, à la mondialisation, à des systèmes complexes qui exigent bien plus d’horizontalité que de verticalité dans les organisations et les institutions.
Les duels de personnes se multiplient, les primaires les amplifiant même, là où les Français attendraient plutôt de vraies batailles d’idées. Bien sûr, les Français sont attachés à cette élection, il n’en a pas toujours été ainsi. Seule la légitimité du général de Gaulle, son habileté aussi, a permis, en 1962, de réviser la Constitution par référendum pour faire élire le président de la République par tous les Français. Par nature et par histoire, les Français étaient plutôt méfiants à l’égard de toute dérive « personnaliste ».
Ce livre est davantage une protestation qu’une proposition. Régime présidentiel, régime parlementaire, suppression de la fonction de Premier ministre et responsabilité politique du président, diffusion du scrutin proportionnel pour limiter les effets « majoritaires » de l’élection législative actuelle, toutes les pistes restent ouvertes pour une nouvelle république. les témoignages et les avis de politiques sont nombreux, y compris celui de l’actuel président de la République, peu désireux, comme ses prédécesseurs, de scier la branche sur laquelle il est assis. la comparaison internationale est souvent sollicitée au fil des chapitres. Elle n’est pas des plus flatteuses pour notre pays et nos institutions. Et l’allemagne nous montre qu’un système parlementaire, le recours à des coalitions, le choix du consensus plutôt que de l’affrontement, non seulement permet de réformer bien mieux que notre système, mais n’est pas non plus antinomique avec l’émergence de vraies personnalités politiques.
On regrettera que l’auteur ne questionne pas davantage notre organisation locale. Car, enfin, les maux de cet ultra-présidentialisme seraient moindres si, comme dans les états fédéraux ou régionalisés, le pouvoir était mieux partagé entre national et local. Il reste à présent à agir.
L’auteur termine sur une note plutôt désabusée : pour lui, seul un blocage majeur, « le tumulte », nous poussera à remettre en cause nos institutions.
Stock, 2014 – 12,50 €