La crise n’est pas venue de là où on l’attendait. Pour le moment. L’imminence, voire l’actualité, du péril environnemental avait occulté l’ombre pressante d’une autre menace. Et ceux – et ils sont quelques-uns – qui avaient anticipé la probabilité et les effets d’une pandémie globale au sens anglo-saxon du terme, n’auront pas été entendus. Un voile très temporaire est donc tiré aujourd’hui sur les crises environnementales déjà en cours. Ce n’est, cependant, qu’un effet d’optique. 

La Covid-19 constitue, à la fois, un répit et le catalyseur brutal des conséquences du développement mondialisé. Elle manifeste aussi une connexité troublante avec le changement climatique et les atteintes à la biodiversité. Elle peut (doit) être, enfin, le signal d’un bouleversement économique et social historique.

UN SI PETIT RÉVÉLATEUR. Comme si la fonte des glaces, l’augmentation des températures ou la pollution atmosphérique n’avaient pas suffi, c’est à un agent pathogène de 70 à 90 milliardièmes de mètre que l’on doit d’avoir exposé l’inconséquence du modèle des sociétés contemporaines. Singulier ballet des unités que celui qui pendule entre l’infiniment petit et l’infiniment grand : 2 °C de réchauffement, 4,5 milliards d’êtres humains confinés, chômage et repli de l’activité jamais observés depuis 1945, 95 % de baisse de l’activité aérienne...

Les effets de la Covid-19 mettent en lumière l’interdépendance profonde des économies et donc leur vulnérabilité. Qu’un élément soit indisponible, fût-ce temporairement, et c’est toute une chaîne d’approvisionnement qui s’en trouve compromise. Logique de flux contre logique de stock. Compression des coûts en lieu et place d’une mesure de la valeur et notamment des externalités positives procurées par l’environnement. Marchandisation du temps court, conquête de tous les grands espaces naturels terrestres et maritimes et ce, au détriment de la protection du vivant dans son ensemble.

La vulnérabilité de l’homme est tout autant celle de l’environnement....