L’Inde est un pays-continent caractérisé par la diversité culturelle et par la coexistence de plusieurs religions, elles-mêmes divisées en de nombreuses sectes. Le pluralisme normatif de l’Inde est l’émanation de cette diversité culturelle sur le plan juridique. Avant la colonisation britannique, les groupes sociaux (qu’ils soient fondés sur la religion, la secte, la caste, la tribu et/ou la région d’origine) qui composent la mosaïque indienne étaient régulés par autant de droits coutumiers. Pour légiférer dans le domaine social, les Britanniques entament, dès le début du XIX^e siècle, une entreprise de codification des systèmes juridiques pratiqués par les diverses communautés, sur la base des traductions de certains textes religieux. Les lois interdisant la sati¹ (1829) et encourageant le remariage des veuves hindoues (1856) en constituent une illustration, bien qu’elles soient aussi le fruit du mouvement de réforme socioreligieuse né au Bengale dans les années 1830.

En 1857, à la suite de la révolte des Cipayes, les Britanniques décident de s’abstenir de légiférer dans les domaines – politiquement trop sensibles – de la famille...