La période bien particulière du confinement a accru de manière spectaculaire le nombre d’ateliers d’écriture en ligne, organisés dans de petites communautés ou à plus large échelle, entre proches ou entre inconnus. Des structures de la chaîne du livre et de la culture (maisons d’édition, centres dramatiques, librairies, médiathèques) aussi bien que des institutions éducatives (cellules académiques, cursus universitaires, écoles) ont saisi ce moment de transformation radicale de leurs conditions d’exercice comme une incitation – et sans doute une injonction vitale – à la créativité et à l’élaboration de dispositifs pour faire écrire. À la masse des blagues animées circulant sur les réseaux se sont joints, dans les messageries, les sites, les forums, de longs textes créatifs, des essais réflexifs, des récits de vie, des fictions plus au moins métaphoriques. Des écrivains, nombreux (Hubert Haddad, Patrick Chamoiseau, irène Jacob, Marie Desplechin...) se sont prêtés au jeu dans une euphorie communicative, non seulement par la circulation de journaux de confinement, mais par des propositions pour faire écrire le confiné lambda.

LA RECONFIGURATION DES IMAGINAIRES. À Cergy-Pontoise, dans l’université désormais nommée CY Cergy Paris Université, l’écriture de création est le quotidien des promotions d’étudiants de lettres depuis une bonne décennie. La dynamique de circulation des écrits n’est donc pas nouvelle. Or, le confinement a changé les manières de travailler...