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Hommage à Jacques Barrot

parJosé Manuel BARROSO, Philippe VIGIER, député d’Eure-et-Loir, Benoit VERMANDER, s.j., professeur à l'université Fudan (Shanghai), Jean-Christophe FROMANTIN, Maire de Neuilly-sur-Seine, Albert KALAYDJIAN, chargé de mission au Sénat, Michel CHARASSE

Articles de la revue France Forum

Nous avons eu l’immense tristesse d’apprendre le décès de Jacques Barrot, le 3 décembre dernier, et avons tenu à lui rendre hommage au début de ce numéro.

 

Jacques Barrot fut, pour moi, un collègue et surtout un ami.

Nommé, par le président Jacques Chirac, commissaire français au sein de la première Commission européenne que j’ai eu l’honneur de présider, entre 2004 et 2009, je lui ai demandé d’en assumer une des vice-présidences et j’ai pu apprécier la sagesse, l’équilibre et la conviction européenne que cet homme politique expérimenté apportait à notre collège.

Sans aucune arrogance, et bien au contraire avec son magnifique sourire si amical, Jacques était très souvent à la recherche d’un compromis et a toujours montré son attachement et sa loyauté à notre institution et au projet européen sans pour autant que son dévouement à la France puisse jamais être remis en question.

Il était un Européen convaincu et sans aucune concession pour les extrémismes et les populismes des eurosceptiques et des europhobes. Il était un centriste, un homme politique modéré, mais d’une modération qui ne cachait pas ses convictions profondes, comme celles qu’il avait pour l’Europe. Il était un homme politique cultivé et en même temps « de terrain », très attaché à sa « France profonde » et aux citoyens qu’il représentait.

J’ai pu moi-même m’en apercevoir directement lorsque j’ai visité sa circonscription électorale en 2007.

Sachant que la sélection nationale portugaise de rugby – une équipe d’amateurs qui, pour la première fois, atteignait la phase finale des championnats du monde et qui intégrait à l’époque trois (!) cousins de ma femme – faisait un stage en France dans sa circonscription, Jacques a insisté pour que je me rende dans son fief. Et je garde un inoubliable souvenir de la visite en Haute-Loire que j’ai faite pendant trois jours avec mon épouse.

Dans le pays de Jacques, à La Chaise-Dieu et ailleurs, nous avons parlé de politique, de musique et de rugby, mais aussi des pèlerinages qui ont aidé à consolider l’idée d’Europe. Et avec quelle passion, Jacques, nous renseignait sur l’histoire, la culture et les gens de sa région ! Et quelle sympathie ces mêmes gens manifestaient à l’homme politique qui les représentait avec tant de compétence et de simplicité !

Cette modestie, quelle leçon pour tant de politiciens aussi arrogants qu’ignorants !

Cette modération et ce sens de l’équilibre et du compromis, quelle leçon pour tant de politiciens démagogues, experts en simplisme et en agitation !

Cette foi européenne ferme et sans concession, quelle leçon pour tant de politiciens dits pro-européens mais qui n’ont pas le courage d’affirmer leurs convictions et qui, parfois, capitulent devant les populismes à la mode !

Je garderai toujours un souvenir très amical de Jacques Barrot. Il nous manque déjà en Europe. Et je crois aussi en France.

José Manuel Barroso
ancien président de la Commission européenne



 

Grand serviteur de son pays et de la cause européenne

Une grande figure de la famille centriste nous a quittés. Profondément attaché aux valeurs démocrates chrétiennes, Jacques Barrot était un modèle d’exemplarité qui a inspiré de nombreuses générations d’élus, dont je fais partie.

Grand serviteur de son pays et de la cause européenne, il a su nous transmettre sa passion pour l’intérêt général, en particulier pour les questions sociales pour lesquelles il accordait une attention toute particulière. Fidèle à sa famille politique, Jacques Barrot était un modèle de dialogue transpartisan qui suscitait un respect unanime. C’était un européen convaincu et engagé. Alors que l’Europe traverse une crise sans précédent, et fait l’objet de critiques virulentes, Jacques Barrot a toujours été l’un de ses plus fervents défenseurs. persuadé que l’union européenne devait se construire autour de projets fédérateurs et transnationaux, il a participé activement au développement du réseau de transports européens ainsi qu’à la mise en place du projet Galiléo.

Jacques Barrot poursuivit, enfin, sa grande carrière de serviteur de l’État au sein de l’une de ses plus prestigieuses institutions : le Conseil constitutionnel. Étape ultime de son parcours exceptionnel, Jacques Barrot devint ainsi un sage qui défendit avec conviction nos valeurs républicaines et l’État de droit. La France vient de perdre une de ses grandes figures publiques et la Haute-Loire, qu’il aimait tant et pour laquelle il a tant donné, l’un de ses enfants. C’est un ami qui disparaît, sa mémoire restera gravée dans mon cœur.

Philippe Vigier
maire de Cloyes-sur-le-Loir
député d’Eure-et-Loir
président du groupe UDI à l’Assemblée nationale
membre du comité de parrainage de l’institut Jean Lecanuet


 

L’humilité en politique

La disparition soudaine de Jacques Barrot a profondément attristé tous ceux qui le connaissaient. pour moi, comme pour bien d’autres, ce sont des souvenirs anciens qui affluent. J’ai connu Jacques Barrot lorsqu’il était encore un jeune député, puis un jeune ministre. J’ai eu quelques échanges avec lui lorsqu’il était Commissaire européen, puis l’ai retrouvé en « sage », heureux, à l’aise dans cette fonction qu’il remplissait si bien.

Les adjectifs se pressent pour décrire l’homme qu’il fut : accessible, acharné de travail, convaincu – humble, surtout. S’il a assumé avec bonheur tant de fonctions de première importance, il n’en a tiré nulle gloire personnelle. Il est resté « un parmi d’autres », assumant au milieu de militants dont il était proche sa part de travail, de charges, de malheurs parfois, prêt sans cesse à commencer et à recommencer.

Je le revois toujours si soucieux des jeunes. Je me souviens d’une soirée – si lointaine maintenant – où il avait regroupé une quinzaine de jeunes responsables politiques dans son bureau de ministre de la santé, présentant les réformes qui lui tenaient à coeur, rappelant l’inspiration à laquelle il voulait rester fidèle. Il se réalisait pleinement dans pareilles tâches. Il était par nature un homme d’État, aussi soucieux de gérer et de réformer que d’expliquer les pourquoi et les comment des décisions prises.

Jusqu’au bout, il a eu souci de la pédagogie de l’action politique, de la clarté de la ligne, de la rigueur de la pensée. Jusqu’au bout, il a manifesté ce désir de transmettre le goût et les raisons de l’action publique. Et cela explique les tâches que, vers la fin, il a fidèlement accepté d’assumer pour l’institut Jean Lecanuet et la revue France Forum. Il a certainement souffert de voir, au fil des années, se déliter les comportements politiques, se galvauder l’action et les discours.

En réaction, il a voulu témoigner, par la modestie de son comportement et un engagement maintenu, de la grandeur du service public, du fait que « la politique dépasse la politique ». par toute sa vie, il a témoigné que la voie de la réforme et du débat démocratique était celle d’une création continuée du lien social, le seul chemin par lequel donner sens au « vivre ensemble ». Après une vie tout entière consacrée à l’action et au service public, il repose désormais en paix. À Dieu, Jacques…

Benoît Vermander
s.j., professeur à l’Université Fudan (Shanghai)


 

Merci, Jacques

La disparition brutale de Jacques Barrot est une grande perte pour la vie politique et pour ce mouvement hérité de la démocratie chrétienne dont il fut une des figures emblématiques. C’était un homme de conviction.

Dans un essai auquel il avait participé en 2012, De l’indignation à l’engagement (Éditions du Cerf ), il rappelait : « Je me suis efforcé de faire de la politique sans perdre de vue les exigences d’une action inspirée par l’Évangile. » quelques lignes avant, citant son père, Noël Barrot, de qui il tenait son engagement politique, il évoquait « sa conscience morale exigeante [qui] le mettait à l’abri des certitudes partisanes, celles qui nuisent à la liberté de penser et à la lucidité ».

C’était un homme libre. J’avais une grande estime pour Jacques Barrot. J’ai fait sa connaissance quelques années après mon élection à la mairie de Neuilly. Nous avons eu de longues conversations et il m’encourageait à partager cet « humanisme authentique » qui est la marque d’un engagement politique. Il m’a soutenu avec Nicole Fontaine lorsque je me suis présenté à la présidence de l’UDI. Sa feuille de route était pleine d’espérance : « Il n’est jamais trop tard pour entreprendre les réformes qui conduiront à des progrès majeurs pour la société », disait-il. « une conscience chrétienne ne peut pas rester indifférente et passive face à ces chantiers qui attendent des ouvriers convaincus et ardents : celui du développement à l’encontre de tous les malthusianismes et les protectionnismes ; celui de la lutte contre les inégalités ; celui de l’éradication de la violence sous toutes ses formes ; celui du combat pour la vie et la planète ; celui de l’accès pour tous au savoir et à la culture ; celui de la redécouverte des communautés humaines à travers la famille, les entreprises, les collectivités, qui seules peuvent permettre de lutter contre la solitude ; celui, majeur, du dépassement des souverainismes nationaux pour construire une Europe, modèle pour l’organisation du monde. » Jacques Barrot était un homme engagé. Merci, Jacques.

Jean-Christophe Fromantin
député des Hauts-de-Seine
maire de Neuilly-sur-Seine
membre du comité de parrainage de l’institut Jean Lecanuet

 

Une carrière exemplaire

Jacques Barrot était né le 3 février 1937, à Yssingeaux. Il était le fils de Noël Barrot, questeur de l’assemblée nationale, mort en juin 1966, victime lui-même d’une crise cardiaque, dans le bureau de Jacques Chaban-Delmas, alors président de l’assemblée nationale.

Il prit alors la succession de son père. Ancien élève du petit séminaire, démocrate chrétien de tradition, centriste de toujours, il allait entrer dans l’histoire du centrisme français. Élu pour la première fois, le 12 mars 1967, député de la Haute-Loire, il entamait une carrière politique qui allait durer trente-sept années. Inamovible député de ce département, président du conseil général entre 1970 et 2004, un moment maire d’Yssingeaux, il était aussi un homme de culture. Il fut le président du festival de La Chaise-Dieu où repose d’un sommeil éternel le Saint-Père Clément VI (Roger de Beaufort, chancelier du roi Charles V) qui régna entre 1342 et 1352 et qui fut un pape des Lumières.

Fils des lumières, Jacques Barrot l’était incontestablement, égaré dans le monde politique où il fit une carrière exemplaire. Secrétaire général du Centre démocratie et progrès (1973-1976), quand Jacques Duhamel en était le président et Antoine Veil le trésorier, il devint en 1976, à la réunification des centristes au congrès de Rennes, le premier secrétaire général du Centre des démocrates sociaux (CDs). Le 10 juin 1974, il devenait ministre de la République, secrétaire d’État au Logement : « Je n’avais pas de toit et vous m’avez recueilli. » pendant quatre années, il se dévoua sans relâche. Il fut ensuite, en 1978, un ministre du Commerce et de l’artisanat : « un atelier pour vivre », dira un jour Jacques Maritain. Enfin, en 1979, il accédait au poste de ministre de la santé après Simone Veil, un ministre incompris des médecins. Jacques pensait toujours aux plus faibles, aux plus démunis. Jacques songeait en permanence à ceux qui peinent et qui souffrent.

Il entra ensuite, le 10 mai 1981, dans l’opposition nationale et se dévoua sans compter. Redevenu secrétaire général du CDs, le 30 avril 1983, il œuvrait alors pour le renouveau de toute l’opposition. Élu, en avril 1986, président de la commission des affaires sociales de l’assemblée nationale : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger » ; il chercha à donner du réconfort à ceux qui n’avaient plus rien.

Il attacha alors son nom à la refondation du centre en l’installant 133 bis, rue de l’université dans un siège moderne, fonctionnel, qui demeure quoi qu’on en pense la maison commune du centre. Son nom prononcé en octobre 1988 pour être commissaire européen, il préféra une rude tâche à une position plus enviable.

Revenu dans la majorité, il accède, en 1993, à la commission des Finances de l’assemblée nationale. En 1995, Alain Juppé, premier ministre, proposa au président de la République de le nommer ministre des affaires sociales. Il s’illustra alors dans une vaste réforme de l’emploi et de la formation professionnelle, modernisant ces deux directions de son ministère et préparant la future fusion entre ANPE et Assedic. Soutien de la candidature de François Bayrou en 2002, il pensa, dans le droit fil de son ouvrage majeur Héritier de l’avenir, qu’il fallait rassembler tous les hommes de bonne volonté.

Tout naturellement, il devint président du groupe UMP de l’assemblée nationale, estimé et respecté. En avril 2004, le président de la République, Jacques Chirac, envoya cet Européen de toujours à la Commission de Bruxelles. Il y apporta sa pierre, sensible au drame des réfugiés. Dans sa dernière intervention publique, le 12 juillet 2009, au micro de Jean-Pierre Elkabbach, il délivrait son ultime message, en guise de testament : un espoir dans la solidarité des hommes, la fraternité des citoyens et la destinée commune des Européens. Il allait ensuite s’enfermer dans le silence. un silence que lui imposait la Constitution de la République car, le 1er mars 2010, il fut désigné par Bernard Accoyer, président de l’assemblée nationale, au Conseil constitutionnel.

Fragilisé par une grave opération chirurgicale, depuis mars dernier, il garda le sourire et continua sa tâche jusqu’au dernier jour. Le 3 décembre, il partait en métro pour le Conseil constitutionnel, lorsque le seigneur le rappela à Lui. Il laisse une veuve et trois enfants qui furent sa plus grande joie, j’en fus le témoin.

« Rien ne remplacera jamais le trésor des moments passés ensemble », a dit un jour le poète. Aujourd’hui, j’honore sa mémoire et je pleure son souvenir. Qu’il repose en paix et que la terre lui soit douce.

Au revoir, Jacques.

Albert Kalaydjian


 

Mon ami

Au Conseil constitutionnel comme en auvergne, parmi ses amis politiques comme parmi ceux qui ont travaillé avec lui, l’ont connu, rencontré et aimé, sans oublier l’Europe et les nombreuses associations de bienfaisance où il comptait tant d’amitiés, la mort brutale de Jacques Barrot, modeste et seul dans la foule anonyme du métro parisien, nous a tous profondément atteints.

La veille encore, nous avions dîné chez des amis auvergnats dans le 7e arrondissement, avec son épouse Béatrice. L’ambiance était gaie, joyeuse et amicale, et la chère à l’avenant : tout ce qu’il aimait ! Nous nous sommes quittés vers 23 heures en nous disant « au revoir et à demain ». Il n’y a pas eu de demain. Son bureau est resté fermé. Jacques n’était plus parmi nous…

Il était mon aîné de quatre ans et nous étions tous les deux auvergnats ; lui de la branche Vellave, haut lieu de la chrétienté, de l’abbaye papale de La Chaise-Dieu, étape sacrée de Saint-Jacques-de-Compostelle ; moi de la province royale de la Basse-auvergne, qui n’a eu vraiment de catholique que l’appel aux croisades de Urbain II – que Jacques n’aimait guère –, en 1092, devant devenir « une terre rouge » du radicalisme et du socialisme de la République.

Jacques avait été élevé dans la foi catholique par des parents profondément croyants, mais aussi profondément attachés au service des autres, à la solidarité entre les hommes. Je suis et reste un enfant de la laïque avec ce que ce grand principe suppose de tolérance, d’écoute des autres et de fraternité.

Nos chemins se sont croisés en mars 1973 lorsque le parti socialiste m’a investi d’une mission impossible dans cette terre de la Haute-Loire : battre Jacques Barrot aux élections législatives !

Notre affrontement fut, certes, sans complaisance, mais dans le respect des personnes et des convictions. Il ne laissera pas de traces dans ce qui devait être, plus tard, une amitié sincère, surtout pas ternie parce qu’il m’avait battu sans appel !

Depuis cette rencontre « sur le pré », nous n’avons plus cessé de nous voir, de nous parler, de nous fréquenter. Il y avait, sans doute, entre nous une communauté de pensées quant à la nécessaire paix civile et religieuse de la République et à l’indispensable laïcité qui la garantit ; quant à l’amour que nous portions à la France, à notre région et à ses habitants ; quant à notre volonté de les servir honnêtement et efficacement.

Les alternances politiques survenues, depuis 1981, n’ont rien altéré, au contraire : tantôt Jacques était aux affaires, tantôt c’était moi ; tantôt l’un aidait l’autre, tantôt l’inverse, pour répondre aux attentes des rudes populations de nos montagnes qui nous faisaient confiance. Et nous avons longtemps siégé ensemble au conseil régional d’auvergne, où il plaidait sans cesse en faveur de son département et de son exceptionnel patrimoine historique et religieux, sans oublier le Festival de musique sacrée de La Chaise-Dieu qu’il a présidé jusqu’à sa mort. Entre « celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas », il existait une confiance et une amitié qui nous unissaient dans le respect scrupuleux de la République et de ses principes, que nous devions faire respecter plus tard, ensemble, au Conseil constitutionnel.

Homme de liberté, Jacques n’oubliait rien de ce qu’avaient apporté nos terres d’auvergne et leurs enfants aux combats pour la libération de la France, auxquels Noël, son père, et les chrétiens catholiques et protestants de la Haute-Loire avaient participé en préservant d’ailleurs, au milieu des périls, les malheureux exilés du Chambon-sur-Lignon. En juillet dernier, nous nous sommes retrouvés, auprès du président de la République, à la commémoration du 70e anniversaire des combats du mont Mouchet.

Dans mon département, c’était principalement la gauche républicaine qui peuplait les maquis et qui combattait pierre Laval. Mais les chrétiens sociaux n’étaient pas absents : Jacques me rappelait souvent le calvaire de monseigneur Gabriel Piguet, évêque de Clermont, arrêté pour avoir protégé des juifs et déporté en Allemagne jusqu’à la fin de la guerre, seul évêque déporté de toute la chrétienté !

Nous nous comprenions et, même s’il nous arrivait parfois d’être en désaccord – par exemple, sur l’Europe, pour la construction de laquelle il était beaucoup plus intransigeant que moi –, il n’y a jamais eu de fâcheries ou de brouilles entre nous.

Je perds un homme de bien, devenu un ami très cher malgré des convictions souvent opposées.

Notre région commune et la France lui doivent beaucoup.

En fait, il ne s’est jamais renié ! Moi non plus !

C’est pour cela que nous nous aimions bien et qu’il me manque tant !

Michel Charasse
ancien ministre, membre du Conseil constitutionnel

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