Le commerce international de l’après-crise
Articles de la revue France Forum
Sauver le multilatéralisme pour éviter le repli nationaliste.
La crise sanitaire qui sévit nous force à repenser collectivement plusieurs de nos politiques publiques et notre vision des sociétés globalisées dans lesquelles nous vivons. D’aucuns annoncent déjà la transformation de la mondialisation telle que nous l’avons pratiquée pendant le dernier quart de siècle. Certains évoquent une « démondialisation ». D’autres prédisent plutôt une brève vague de protectionnisme teinté de repli nationaliste. D’autres enfin, comme Pascal Lamy, ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), parlent de l’avènement du « précautionnisme » où la sécurisation de l’approvisionnement du citoyen-consommateur, autant en qualité qu’en quantité, sera au cœur des préoccupations des gouvernements.
S’il est encore bien tôt pour accoler une étiquette à la période post-Covid, il est sans doute opportun de réfléchir aux changements que provoquera la crise sur les relations commerciales internationales. Cette crise risque de consolider certaines tendances qu’avaient amorcées des acteurs importants du système commercial international. On peut aussi anticiper qu’on assistera à des ruptures, parfois salutaires, parfois néfastes, avec des pratiques commerciales bien implantées. Mais aussi et surtout, l’après-crise soumettra les gouvernements à des tentations auxquelles ils devront résister pour ne pas gripper la capacité collective à prendre des décisions essentielles.
LES CONTINUITÉS. Réaction normale aux événements récents, les grandes nations commerçantes voudront prévenir les situations critiques dues à des pénuries de produits agricoles ou d’autres produits essentiels dont les équipements médicaux et les médicaments. Des mesures gouvernementales d’incitation à l’approvisionnement local sont à prévoir. Des interdictions d’exportation, comme celle que l’administration Trump a décrétée à l’égard des masques fabriqués par la multinationale 3M, risquent d’être plus fréquentes.
Si certains voient dans ces phénomènes un recul de la mondialisation, il faut plutôt y voir...